L'archéologie des mondes moderne et contemporain en Europe

International audienceL’archéologie des mondes moderne et contemporain, aussi parfois qualifiée d’archéologie des périodes récentes, n’est pas à proprement parler un champ nouveau de la recherche européenne. Pour l’essentiel développée à partir des années 1970, elle a connu des processus de maturation inégaux et contrastés, qui ont conduit, en quelques décennies, à un profond renouvellement des questionnements archéologiques. L’archéologie de sauvetage puis préventive (development-led archaeology), bien que menée dans des cadres très différents, a confronté les archéologues à des temporalités et à des objets nouveaux, qui ont pris une place croissante dans les problématiques de recherche. L’abondance et la qualité des vestiges mis en évidence sur les grands chantiers urbains des décennies 1970 et 1980 – le Louvre à Paris, les villes de Gênes, Sienne, Pise (Italie), York (Grande-Bretagne), Trondheim (Norvège) ou Lund (Suède) – ont résonné comme autant d’injonctions à prendre en compte les périodes récentes dans le champ de l’archéologie et à repousser les limites chronologiques de la discipline. La plupart des pays européens mènent aujourd’hui, à des échelles et à des degrés cependant très divers, une recherche en archéologie moderne et contemporaine. Il ne s’agit nullement de pratiques homogènes et systématisées d’une archéologie du récent, mais force est de constater qu’elle est partout présente et, espérons-le, appelée à se développer. L’archéologie, pensée comme une anthropologie du passé, s’intéresse aux phénomènes sociaux modernes et contemporains dans la longue durée et ne connaît pas d’ante quem. Toutes les productions humaines sont susceptibles d’être passées au crible archéologique. Le rapide panorama européen proposé ici tend à montrer, au-delà des divergences sémantiques, historiographiques ou méthodologiques, le dynamisme d’une discipline et de recherches nécessairement interdisciplinaires, où le balancement fécond entre analyse historique et analyse anthropologique permet d’alimenter la compréhension des transformations profondes que connaissent les sociétés européennes entre la fin du XVe et le XXIe siècle