Les groupes de soutien en santé mentale : de la souffrance individuelle au collectif d’usagers

Since 2014 Handicap International (HI) has been leading a mental health/ psychosocial support programme in four countries in crisis or post-crisis (Togo, Madagascar, Lebanon, South Sudan), namely, the “Touching Minds, Raising Dignity” (TMRD) programme. The overall objective of this programme is to improve the social and civil participation of people living with mental health problems. The programme comprises a cross-cutting component common to the four countries of implementation. This cross-cutting component includes a research phase followed by a knowledge capitalisation phase aimed at analysing and better understanding the group as a medium of support but also as a key element for improving social participation, representative capacitation, and the advocacy skills of those making use of mental health services. Linked to and following from the research phase carried out in 2015 into issues related to the emergence and the structuring of support groups (HI, 2016), the current phase of consolidation throughout 2017 enabled the identification of key elements and potential factors that would clarify what constitutes appropriate assistance to support groups throughout their lifespan. The induction of a support group is a key moment arising from the common will of three groupings: the users, the professionals, and members of the hosting facility. The support group that then emerges constitutes a fourth entity, comparable to a service provider, initially playing a therapeutic role but then quickly taking on a more important mediating function that affects various aspects of the lives of the users of the particular mental health service. This evolution occurs at various life stages of a group: initially it is focused on the immediate matter of survival; thereafter the group serves a therapeutic role by helping its members heal. The group then transcends its internal dynamics in order better to organize itself. Collectively its members are then in a position to give attention to external issues, such as advocacy, activism of a more political nature or the development of income generating activities (IGAs). The professionals supporting the group must therefore guarantee a stable framework from the start (clear rules, a facilitator, suitable venue for meetings, etc.), while relying upon local existing sociocultural dynamics that favour sharing (e.g. traditional customs and ways in which people from the community come together). More broadly, this reflective phase confirms the importance of the groundwork of all concerned: the professionals, members of the host institution and relevant NGO. All those supporting the process need to work together and pay regular attention to the evolving group that they are supporting. They must for instance identify and mentor (an) ethical leader(s), but also anticipate any organisational challenges that may arise specific to persons living with mental health problems, as well as the power dynamic that develops within the collective. Finally, the project once again underlines the need for accurate record-keeping that captures the experiences of those involved in each project, and which will then become a source of learning, appropriate adaptations and the transfer of good practice.Handicap International (HI) mène depuis 2014 un programme de santé mentale/soutien psychosocial au sein de quatre pays en crise ou post-crise (Togo, Madagascar, Liban, Soudan du Sud), le programme « Touching Minds, Raising Dignity » (TMRD). L’objectif global de ce programme est d’améliorer la participation sociale et citoyenne de personnes vivant avec des problèmes de santé mentale.Le programme bénéficie d’une composante transversale aux quatre pays de mise en œuvre, comprenant une phase de recherche suivie d’une phase de capitalisation, afin de mieux comprendre et analyser la question du groupe de soutien comme support d’accompagnement, mais aussicomme élément clé de l’amélioration de la participation sociale, de la représentativité et du plaidoyer des usagers de la santé mentale.Ce travail de capitalisation s’inscrit dans la continuité d’un travail de recherche mené en 2015 autour des questions de l’émergence et de la structuration des groupes de soutien (HI, 2016), et s’est déroulé tout au long de l’année 2017. Il a permis de mettre en lumière différents élémentsclés, gages potentiels de succès, dans l’accompagnement des groupes de soutien, et cela à différentes étapes de la vie de ces groupes.L’induction d’un groupe de soutien est un moment clé, typiquement le fruit de la volonté commune d’un triptyque d’acteurs impliquant essentiellement usagers, professionnels et structure accueillante. Le groupe de soutien qui émerge alors constitue de fait une quatrième entité, assimilable à un prestataire de service, initialement à vocation thérapeutique mais qui prendra rapidement une dimension plus importante d’accompagnement par rapport à différents aspects de la vie des usagers de la santé mentale Cette évolution s’incarne dans les différentes étapes de la vie d’un groupe : d’abord centré sur la quête immédiate de survie, le groupe va par la suite se structurer pour devenir un appareil thérapeutique, facteur d’un mieux-être pour ses membres. Le groupe va ensuite se décentrer de ses problématiques internes pour s’organiser, ses membres pouvant dès lors se projeter collectivement vers des actions extérieures, telles que des actions de plaidoyer, des activités de militance à caractère plus politique ou encore le développement d’un projet d’activités génératrices de revenus (AGR).Les professionnels entourant le groupe doivent pour cela garantir d’emblée un cadre stable (présence de règles de fonctionnement claires, d’un facilitateur, d’un lieu adapté pour les rencontres, etc.), tout en renvoyant à certaines dynamiques socioculturelles locales déjà existantes quifavorisent l’échange (tels que les moments et modalités traditionnels de rencontre entre personnes de la communauté).Plus largement, ce processus de capitalisation met en avant l’importance du travail de fond des acteurs accompagnants : structure accueillante, professionnels et potentiellement organisation non gouvernementale (ONG). Synergiques dans leur action, attentifs à l’évolution régulière dugroupe qu’ils accompagnent, ils se doivent par exemple d’identifier et d’accompagner un ou des garant(s) de l’éthique, mais aussi d’anticiper les problématiques organisationnelles propres aux personnes vivant avec des problèmes de santé mentale, tout comme les relations de pouvoir particulières qui se développent au sein de tout collectif. Pour finir, ce travail souligne de nouveau la nécessité de maintenir une mémoire de l’expérience de chaque projet, source d’apprentissage, d’ajustements vertueux et de transfert de bonnes pratiques