« Quatre jours d’épuisement, trois ans sans accident ! » Relations d’échanges avec les esprits et fonction chamanique dans un « rituel donneur de vie » à Tainan (Taiwan)

International audienceThe procession of territorial scope that takes place every three years in the Saikang 西港 region (Tainan 臺南 ) symbolically accommodates and invigorates the space and the land, while at the same time setting the limits of a politico-religious territory composed of contiguous village units. The latter identify themselves as localized cult communities, drawing on their temples dedicated to various protective deities from the pantheon of Chinese popular religion, as it has developed in Taiwan. The performance of the processional ritual seals and reproduces an inter-community alliance based on the koah-hiun 刈香 institution, from which the procession takes its name. This text shows the importance of this ritual to legitimize residential anchorage, control the danger represented in the anthropomorphized form of wandering souls (those of humans who died an unfortunate death), guarantee the regulation of water and regenerate the nourishing power of the earth, in an agricultural context and within a broader natural order. With a two-fold aim, apotropaic and propitiatory, facing the aleatory and working simultaneously on luck and misfortune, the ritual aims at renewing Life and ensuring health, peace and prosperity for all. The exercise of a shamanic function, as put forward by Roberte Hamayon, is the avenue that has proved to be the most fruitful in meeting the double objective of general understanding and characterization of the socio-religious system deployed in this regular ritual of totalizing scope.La procession de portée territoriale qui se déroule tous les trois ans dans la région de Saikang 西港 (Tainan 臺南 ) aménage et innerve symboliquement l’espace et le sol, tout en posant les limites d’un territoire politico-religieux composé d’unités villageoises contiguës. Celles-ci s’identifient en tant que communautés cultuelles localisées, prenant appui sur leurs temples, dédiés à des divinités protectrices variées relevant du panthéon de la religion populaire chinoise, telle qu’elle s’est développée à Taiwan. La performance du rituel processionnel scelle et reproduit une alliance intercommunautaire fondée sur l’institution koah-hiun 刈香, qui donne son nom à la procession. Ce texte montre l’importance du rituel pour légitimer l’ancrage résidentiel, maîtriser le danger représenté sous la forme anthropomorphisée d’âmes errantes (celles d’humains morts de malemort), garantir la régulation de l’eau et régénérer le pouvoir nourricier de la terre, dans un contexte agricole et au sein d’un ordre naturel plus large. À double visée, apotropaïque et propitiatoire, faisant face à l’aléatoire en travaillant simultanément sur la chance et la malchance, le rituel vise à reconduire la Vie et assurer paix, santé, prospérité à tous. L’exercice d’une fonction chamanique, telle que mise en avant par Roberte Hamayon, est la piste qui s’est révélée être la plus fructueuse pour répondre au double objectif de compréhension générale et de caractérisation du système socioreligieux déployé dans ce rituel régulier et de portée totalisante