Histoire holocène de la végétation forestière du versant nord d’une montagne méditerranéenne : le mont Ventoux (Vaucluse, France)

International audienceThis study aims at reconstructing the late Holocene vegetation dynamics and the maximum altitudinal limit of forest trees on northern slopes of Mont Ventoux before the intense deforestation of the 12th century, in relation to natural environmental changes and anthropogenic disturbances including fire history and sylvo-pastoral practices. Six soil pits were studied out along an altitudinal transect from 925m to 1,860m a.s.l.This transect crosses the beech-fir forests in the lower elevations to open woodlands containing the prostrate hooked pine (Pinus uncinata) near the summit. The study was performed within the framework of the ecological monitoring program ORCHAMP. Pedoanthracological data (identified charcoals and their 14C ages) were further explored by numerical analyses. Charcoal was found in all pits with concentrations significantly decreasing with altitude, as does the proportion of charcoal of deciduous trees over conifers. Some woody species were found at altitudes where they are absent today, notably fir (Abies alba) at high elevations, (up to 1,860m). In contrast to fir, the beech (Fagus sylvatica) charcoals were not found beyond 1,340m, although the species currently reaches elevations as high as 1,700m a.s.l. Radiocarbon dating results suggest that the soils on northernslopes of Mont Ventoux have not been significantly eroded since at least 4,000 years ago. The period covered by the six obtained AMS 14C dates extends from the Bronze Age (oldest 14C age: 3576-3729 cal BP / 1779-1626 BCE) to the Modern Era (youngest 14C age: 346-460 cal BP / 1490-1604 CE), all pre-dating the 1860’s reforestation projects (RTM, Restoration of Mountain Land). This preliminary pedoanthracological study proved to be promising and complementary to other palaeoecological approaches but is still insufficient to provide a complete picture of the past vegetation history of Mont Ventoux.Cette étude vise à reconstituer la composition de la végétation ligneuse passée du versant nord du mont Ventoux en fonction du gradient altitudinal ainsi que l’altitude maximale atteinte par les arbres avant la déforestation des versants, qui fut intense à partir du xiie siècle, en lien avec des perturbations passées telles que le surpâturage et les feux de gestion sylvo-pastorale. Profitant de la mise en place d’un transect du suivi écologique ORCHAMP en 2019, six fosses pédologiques réparties depuis 925 m (hêtraie sapinière) jusqu’à 1 860 m d’altitude (pins à crochets prostrés) ont fait l’objet de prélèvements pédoanthracologiques (identification et datation des charbons de bois du sol). Toutes les fosses contenaient des charbons de bois. La richesse taxonomique diminue significativement à mesure que l’on s’élève le long du gradient altitudinal. Certains taxons ont été trouvés à des altitudes auxquelles ils sont aujourd’hui absents, comme le sapin (Abies alba) qui s’élevait jusqu’au sommet et formait avec les pins la limite supérieure des arbres. Le hêtre (Fagus sylvatica) est bien représenté à basse altitude mais aucun charbon de cette essence n’a pu être trouvé au-delà de 1 340 m, alors que l’espèce atteint aujourd’hui 1 700 m d’altitude.Les datations montrent que les sols du versant nord du mont Ventoux ont conservé, malgré l’érosion des versants, plus de 4 000 ans d’histoire. La période couverte par les 6 datations 14C AMS obtenues s’étend de l’âge du bronze (3576-3729 cal BP) à la période moderne (346-460 cal BP), soit avant les reboisements de 1860 (RTM, restauration des terrains en montagne). Cette première étude pédoanthracologique se révèle novatrice et parfaitement complémentaire des études paléoenvironnementales préexistantes mais encore insuffisante pour reconstruire l’histoire de la végétation passée du mont Ventoux et anticiper son avenir