A body in movement : social mobility and the professionalization of physiotherapy

Cette thèse porte sur la professionnalisation de la kinésithérapie. Celle-ci est envisagée comme un processus combinant une modification du contenu du travail réalisé par les acteurs, des arbitrages au niveau des politiques publiques sectorielles mais aussi une somme de changements dans les dispositions sociales des acteurs. Alors que les kinésithérapeutes sont historiquement des auxiliaires médicaux, ils présentent des caractéristiques genrées et sociales qui les rapprochent des médecins. Alors qu’ils sont officiellement des exécutants de thérapeutiques, leur mode d’exercice majoritairement libéral, à l’écart des médecins, les confronte à une irréductible incertitude dans leur travail. Alors qu’ils disposent, en France, de protections administratives qui ferment le marché du travail, ils sont soumis à des flux migratoires importants dus à la libéralisation de la circulation des personnes et de la reconnaissance des diplômes à l’échelle européenne. Ces tensions interrogent le changement au sein des groupes professionnels. Dans un espace de la santé dominé par l’idéal-type de la profession médicale, est-il possible pour les métiers dominés de devenir des professions ? Alliant sociologie des professions, sociologie de l’action publique et sociologie de l’éducation, cette thèse propose une enquête indigène multi-située (tutelles, acteurs intermédiaires et acteurs de terrain). Elle montre, à travers le cas des kinésithérapeutes, comment l’établissement d’une profession passe par la sélection d’acteurs dotés de capitaux culturels légitimes, par l’appropriation d’un travail à fortes nuances prudentielles et par la négociation de protections institutionnelles, parfois incertaines dans un cadre cognitif contemporain faisant la part belle à la fois aux quantifications et rationalisations dans le secteur sanitaire et à un libre échangisme quant aux travailleurs européens.This thesis focuses on the professionalization of physiotherapy. It is considered as a process combining a modification of the work content of the actors, trade-offs at the level of sectoral public policies but also a set of changes in the social dispositions of the actors. While physiotherapists are historically medical auxiliaries, they present gendered and social characteristics that bring them closer to physicians. While they are officially therapeutic operators, their mostly private practice mode, separated from doctors, confronts them with an irreducible work uncertainty. While they have administrative protections in France that close the labour market, they are subject to significant migratory flows due to the liberalisation of the circulation of people and the recognition of diplomas on a European level. These tensions raise questions about change within professional groups. In a health space dominated by the ideal-type of the medical profession, is it possible for dominated occupations to become professions? Combining the sociology of professions, the sociology of public action and the sociology of education, this thesis proposes a multi-situated indigenous investigation (supervisory authorities, intermediary actors and field actors). It shows, through the case of physiotherapists, how the establishment of a profession requires the selection of actors with legitimate cultural capital, the appropriation of a work with strong prudential nuances and the negotiation of institutional protections, sometimes uncertain in a contemporary cognitive context that gives prominence to quantification and rationalisation in the health sector and to free trade for European workers