L'herméneutique de l'œuvre

International audienceSuite au chapitre qui précède centré sur les artistes, celui-ci investit plus spécifiquement leur rapport aux œuvres ainsi que le rapport du public aux œuvres également. Il pose la question de la relation qui se joue avec les créations artistiques, ici désignées par le terme générique d’« œuvre ». Il s’intitule l’herméneutique de l’œuvre, car les deux enquêtes qu’il présente visent à dévoiler le sens attribué – par les artistes et par le public – aux liens qu’ils entretiennent avec les œuvres qu’ils réalisent et/ou auxquelles ils accèdent dans les expositions. Avant cela, précisons le point de vue depuis lequel nous portons notre regard. Chercheuses en Sciences de l’éducation et de la formation à l’Université Toulouse - Jean-Jaurès, spécialistes des questions d’évaluation, nous avons besoin – pour commencer – d’exposer notre manière d’aborder ce sujet, innovant du point de vue de la discipline et de la démarche de recherche mise en œuvre (cf. la recherche-intervention création, désormais nommée RIC). C’est une approche hybride, s’inscrivant entre induction et déduction , qui a été au cœur de ce travail. Cela signifie que les informations recueillies par le biais des enquêtes ont été appréhendées sans présupposé théorique fort orientant leur lecture. L’organisation de l’analyse a été guidée par deux questions principales : -premièrement, qu’est-ce qui détermine et définit le ou les liens qu’une ou un artiste entretient avec les œuvres (les siennes et celles d’autres créateurs) ? -deuxièmement, qu’est-ce qui détermine et définit le ou les liens qu’une ou un participant.e une exposition d’art entretient avec les œuvres présentées ? La réponse à ces interrogations s’est construite à partir des éléments de discours des personnes sollicitées dans le cadre de ce projet de recherche. Cette contribution accorde donc la primauté du point de vue aux acteurs de terrain enquêtés plutôt qu’à celui des deux autrices de cette contribution. Ainsi, deux catégories initiales du rapport aux œuvres ont pu être identifiées, après une première lecture flottante du matériel mis à notre disposition : -un rapport direct aux œuvres recouvrant les liens que les artistes et le public déclarent entretenir avec l’idée d’œuvre ; avec leurs propres œuvres et/ou avec celles créées par d’autres (dans ce cas, particulièrement pour les artistes) ; -un rapport indirect à l’œuvre renvoyant à la perception de ce qu’est ou devrait être le lien des œuvres aux Autres.Par matériel mis à notre disposition, nous entendons les entretiens réalisés auprès des 17 artistes et une partie des questionnaires (N = 28/33) diffusés au public des deux expositions « Lartotek 2018 » et « faire le mur ». C’est donc en assumant (et en appréciant) une approche fondée principalement sur la découverte que nous avons eu pour ambition de dévoiler et de caractériser le(s) rapport(s) aux œuvres de ces deux types de populations. Néanmoins, il est illusoire de penser qu’il serait possible de chasser, sur le simple fait de la volonté, ce qui nous constitue – même d’un point de vue théorique –. Aussi, il paraît important de donner à connaître notre sensibilité scientifique afin de permettre au lecteur de suivre l’interprétation que nous avons établie des éléments de discours des artistes et du public en lien avec cette thématique générale : le rapport aux œuvres (cf. l’exposition de la méthode d’analyse présenté dans le chapitre)