Limon jaune, limon gris, limon panaché et quelques éclats de silex… : les origines de la Préhistoire dans le Nord et le Pas-de-Calais

International audienceWe propose to retrace, in a multidisciplinary perspective, the emergence of Prehistory in the Nord and Pas-de-Calais area, closely related to the development of Quaternary geology, considering the different researchers and amateur networks during the second part of XIXth century.Local learned societies contributed from the 1840’s onwards to the acceptance of human antiquity established by Boucher de Perthes. They also contributed to spread the example of the Somme Valley, leading to various searches in selected geographical contexts. Starting from 1860-70, prehistoric research has been shaped in this area by two personalities, each one having a different approach to the discipline and whose scientific interactions spread beyond the regional framework.On one hand, Ernest Hamy, undertook research in the Boulonnais area, in an anthropological and palethnological perspective. He published regional syntheses, replacing faunal remains and industries into a system based on geological observations. On the other hand, Jules Gosselet, surrounded by the amateur members of the Société Géologique du Nord (SGN), created an active scientific network focusing on regional geological observations and studies, where Quaternary was prominently represented. Within this scientific network, Jules Ladrière established a classification of Pleistocene soils which played a major role in the chronostratigraphic system of Somme Valley terrasses introduced by Victor Commont. However, for SGN members, quaternary sediments studies were the main focus of their researches, supporting their interest for prehistoric tools and ancient fauna discovered in quarries and on land development works. Prehistory as a discipline had an incidental role within their research. This communication aims to consider these regional research dynamics in the framework of national and European debates which led to the construction of the prehistoric discipline and to the development of lithic industries classification models.Nous proposons de suivre avec un regard pluridisciplinaire le processus d’émergence de la Préhistoire dans le Nord - Pas-de-Calais, en lien étroit avec la géologie du Quaternaire, et en considérant l’activité des différents réseaux de chercheurs et amateurs pendant la deuxième moitié du XIXe siècle.Les sociétés savantes locales, à partir de 1840, ont joué un rôle important pour l’acceptation de l’ancienneté de l’Homme prônée par Boucher de Perthes. Les découvertes de la vallée de la Somme, qu’elles ont contribué à faire connaître, ont suscité plusieurs recherches individuelles concentrées dans quelques secteurs géographiques. À partir de 1860-70, les travaux en Préhistoire se sont rapidement polarisés autour de deux grandes personnalités, dont les interactions scientifiques dépassent le cadre régional et qui travaillent selon des approches différentes. Ernest Hamy, d’une part, conduit des recherches dans le Boulonnais, dans une optique anthropologique et palethnologique. Il publie des synthèses régionales en replaçant faunes et industries dans un système basé sur les observations géologiques. Jules Gosselet, d’autre part, entouré des membres amateurs de la Société Géologique du Nord, constitue un réseau actif d’échanges scientifiques autour d’observations et d’études géologiques régionales où le Quaternaire est d’emblée fortement représenté. Au sein de ce réseau, Jules Ladrière élabore une classification des terrains pléistocènes qui aura par la suite un rôle majeur dans la définition du système chronostratigraphique de la vallée de la Somme proposé par Victor Commont. Toutefois, pour les membres de la SGN l’étude des sédiments quaternaires est le principal moteur de l’intérêt qu’ils portent aux objets préhistoriques et aux faunes anciennes, mis au jour principalement dans les carrières et lors des travaux d’aménagement. La Préhistoire ne présente qu’un caractère annexe au sein de leurs recherches et publications. Nous proposons de replacer ces différentes dynamiques de recherche régionale dans le cadre des débats nationaux et européens qui ont participé à la construction de la discipline préhistorique et à l’élaboration de schémas de classification des industries