L’origine du mal en temps de crise

International audienceThe article underlines the co-presence, in contemporary North-Western societies and particularly in times of pandemic crisis, of two currents of symbolic meaning on the origins of evil: one suggesting that it comes from the interior of the subject and of society, the other excluding it as an external threat. Considering this co-presence to be unusual, the article examines these two narrative currents in the religious field, as their traditional place of expression. The article shows that the long denial of the presence of witchcraft in the North testifies to an ancient propitiatory technique. The “North,” however, has not failed to give other representations of threats and evil, of which Christianity provides illustrations. Beyond the forced and ideal-type dichotomy between “North” and “South”, the exploration of religious narratives on witchcraft and conspiracy sheds new light on the symbolic meanings that emerge in times of contemporary pandemics.L’article pointe la coprésence, dans les sociétés contemporaines du Nord – notamment en période pandémique –, de deux registres de sens symboliques sur l’origine du mal : l’un plaçant le mal à l’intérieur du sujet et du social, l’autre l’excluant au-dehors comme une menace extérieure. Considérant cette coprésence comme inhabituelle, l’article examine ces deux registres dans le champ religieux, en tant que lieu classique de leurs expressions. Il interroge alors le déni historique de reconnaissance de la présence d’une pensée sorcellaire au Nord, déni identifié comme une technique propitiatoire ancienne dont l’article cherche à identifier les raisons. Ce « Nord », cependant, n’a pas manqué d’accorder d’autres représentations à la menace et au mal, ce dont les christianismes de conversion fournissent l’illustration. Au-delà d’une dichotomie idéal-type didactique entre « Nords » et « Suds », ce détour par les registres religieux de la pensée sorcellaire et de la conspiration diabolique apporte un autre éclairage sur les registres discursifs qui traversent l’époque contemporaine