Approche culturelle et géographie de l’alimentation francophone : un rendez-vous manqué?

International audienceDespite its categorization as a subclass of the cultural geography, the French food geography struggles to integrate the theoretical and conceptual contributions inherited from the « cultural turn » which has marked the social sciences since the 1980s. This paper aims to consider the epistemology of the discipline and to understand why this encounter has only partially occured thanks to the analysis of its modes of emergence. In fact, the successive paradigms of determinism and quantitativism that used to prevail in the French geography and whose legacy still remains in many contemporary researches, cannot analyze anymore the social and spatial dynamics of the consumers’ foodways in a globalized context. Within this scope, we consider that the researches in social sciences dedicated to the concept of culture can be a way to study how consumers grasp food as system of meanings which define their identities. Thus, eating and understanding what we eat can be considered as a geographical and cultural fact.Généralement considérée comme une sous-catégorie de la géographie culturelle​,​ la géographie de l’alimentation francophone peine encore à intégrer les apports théoriques et conceptuels hérités du « tournant culturel » qui a marqué les sciences sociales à partir des années 1980. Cet article propose de revenir sur l’épistémologie de la discipline et de comprendre, à travers ses modalités d’émergence, pourquoi ce rendez-vous n’a, jusqu’à récemment, que partiellement eu lieu. ​De fait, l​es paradigmes déterministe​,​ puis quantitativiste​,​ qui ont longtemps prévalu dans la géographie francophone et dont l’héritage subsiste dans bon nombre de travaux contemporains,​ ​peinent de plus en plus à expliquer les (re)configurations socio-spatiales des systèmes alimentaires dans un contexte mondialisé. Dans ce contexte, nous postulons que les recherches de sciences sociales relatives à la notion de culture peuvent permettre d’étudier géographiquement les pratiques alimentaires de mangeurs trouvant dans l’alimentation une source d’affirmation de leur(s) identité(s). ​Prendre en compte cette dimension identitaire, c'est gagner ainsi à être associée à une conception de la culture comme ensemble de systèmes de significations : manger et penser ce qu’on mange peut alors être véritablement compris comme un acte géographique et culturel