Contexte et recours aux soins chez les femmes demandeuses d'asile victimes de violences sexuelles

Introduction : les femmes en procédure de demande d’asile sont exposées au risque de violences sexuelles, avec un moindre recours aux soins malgré les conséquences physiques et psychiques qu’elles engendrent. Les professionnels de santé sont parfois les premiers interlocuteurs du récit de ces violences, et ont un rôle à jouer dans leur prise en charge. L’objectif de ce travail était de préciser le contexte de survenue des violences sexuelles et les logiques qui sous-tendent l’accès au soin des femmes demandeuses d’asile. Méthode : nous avons mené une étude qualitative inspirée de la théorisation ancrée, dans le cadre d’une étude mixte séquentielle quantitative puis qualitative. Les entretiens ont été menés jusqu’à saturation des données, à l’aide d’un échantillonnage théorique. Ils abordaient le récit des violences et les expériences de recours au soin. Ils étaient enregistrés, intégralement retranscrits, puis ont fait l’objet d’une analyse inductive triangulée par 2 chercheuses.Résultats : le parcours de soin des femmes était lié à leur situation résidentielle et légale. La précarité entretenait le risque de violence et la recherche de sécurité primait sur le recours au soin. L’entrée dans le soin était centrée en premier lieu sur les maux physiques et le récit des violences s’ouvrait à un moment adapté avec un interlocuteur formulant une demande active. La parole devenait source de mieux être et la prise en charge des violences sexuelles entrainait la découverte des possibilités de soin, physique et psychique. Discussion : l’abord des violences sexuelles passe par une approche centrée patient, intégrant les facteurs de risque propres aux femmes demandeuses d’asile. Celles-ci rapportaient un vécu positif des soins prodigués par des soignants proactifs vis à vis de la prise en charge des violences sexuelles. Au vu de l’impact bénéfique et de la proportion importante des femmes demandeuses d’asile ayant vécu des violences sexuelles au moins une fois dans leur vie, un dépistage systématique des conséquences de ces violences doit être réalisé par l’ensemble des soignants