Étude PARCOVID Gestion de l'incertitude pendant la crise de la COVID-19 : une étude transversale auprès de médecins généralistes au cœur d'une controverse scientifique à Marseille

Introduction : la pandémie de COVID-19, profonde crise de connaissance, a été à l’origine en France d’une controverse inédite autour de l’utilisation d’hydroxychloroquine initialement promue par l’IHU Méditerranée Infection à Marseille. Les débats qui s’en sont suivi ont profondément divisés la communauté médicale ainsi que l’opinion publique et ont mis en lumière des interrogations sur l’épistémologie médicale et la méthodologie scientifique fondatrice de la médecine basée sur les preuves. Dans ce contexte de crise et de controverse déstabilisant la communauté médicale, nous avons voulu questionner le lien entre les pratiques médicales et les opinions personnelles des médecins. Notre objectif fut d’étudier les pratiques, les difficultés et les expériences de médecins généralistes à Marseille pendant le premier confinement et l’influence qu’a pu exercer localement la controverse autour de l’utilisation d’hydroxychloroquine.Matériel et méthodes : nous avons conduit une étude descriptive transversale à l’aide d’un questionnaire soumis auprès de médecins généralistes installés à Marseille entre le 20 avril 2020 et le 18 mai 2020.Résultats : nous avons pu mettre en évidence une adhésion majeure aux protocoles de l’IHU chez les médecins interrogés avec 91.5% d’opinions positives sur le dépistage de masse et 74.6% d’opinions positives sur l’utilisation d’hydroxychloroquine. Une majorité de 60.6% des médecins a déclaré avoir adressé des patients potentiellement atteints de COVID-19 à l’IHU dont 63.9% pour qu’ils bénéficient d’un diagnostic par PCR et 70.4% pour qu’ils bénéficient d’un traitement par hydroxychloroquine. Nous avons aussi pu mettre en évidence une relation significative entre un âge supérieur à 50 ans et une adhésion aux positions de l’IHU.Discussion : l’influence de l’IHU sur les généralistes marseillais au début de la crise semble être particulièrement bien mise en évidence dans cette étude. Cependant, elle suggère également par ses résultats l’existence d’un « fossé générationnel et méthodologique » en lien avec l’introduction tardive des concepts scientifiques de médecine factuelle dans la formation médicale et souligne aussi l’importance de facteurs socio-culturels loco-régionaux, tout particulièrement dans une ville à l’identité culturelle forte comme Marseille