Grossesse gémellaire et rupture prématurée prolongée des membranes sur l'un des jumeaux : facteurs pronostiques et issues néonatales

Contexte : en cas de rupture prématurée prolongée des membranes chez l’un des jumeaux, nous manquons actuellement de données fiables et pertinentes, concernant la survie néonatale en fonction de l'âge gestationnel à la rupture. Afin de fournir des conseils prénataux optimaux, d'adapter nos politiques de soins et de prendre en compte les souhaits des parents en matière de décisions, les équipes obstétricales et pédiatriques doivent avoir accès à une évaluation réaliste et individualisée concernant la rupture prématurée prolongée parmi les grossesses gémellaires.Objectif : décrire les facteurs maternels et obstétricaux pouvant influencer la survie néonatale dans le cadre des grossesses gémellaires avec une rupture prématurée prolongée des membranes sur l’un des jumeaux avant 37 semaines d’aménorrhée, selon le terme de la rupture.Plan de l'étude : l’étude est une cohorte multicentrique rétrospective parmi les grossesses gémellaires dans 4 maternités du sud de la France, entre 2015 et 2021. Les critères d'inclusion étaient le diagnostic d’une rupture prématurée des membranes (RPM) chez les grossesses gémellaires entre 12 et 37 semaines d’aménorrhée (SA) avec deux fœtus vivants au moment de la rupture. Les grossesses gémellaires avec une RPM dont l'accouchement a eu lieu dans les 48 heures suivant la rupture ont été exclues. Une issue favorable a été définie comme la survie au moment de la sortie de l'hôpital. Une issue défavorable a été définie comme la mort fœtale in utero, l'interruption médicale de grossesse et le décès néonatal ou périnatal. La prise en charge prénatale et la survie néonatale ont été décrites pour l'ensemble de la population et comparées par groupe d'âge gestationnel au moment de la rupture prématurée. Six groupes (G) ont été formés selon l'âge gestationnel de la rupture des membranes et le degré de prématurité (G1 : RPM < 16 SA ; G2 : 16 < RPM < 23+6 SA ; G3 : 24 < RPM < 27+6 SA ; G4 : 28 < RPM < 31+6 SA ; G5 : 32 < RPM < 33+4 SA ; G6 : 34 < RPM < 37 SA). Résultats : sur les 526 patientes ayant eu un diagnostic de RPM dans le cadre d'une grossesse gémellaire, 132 patientes ont été inclues dans notre analyse. L'âge gestationnel moyen au moment de la RPM était de 28,1 SA (IQ interquartile 24 - 33). L'âge gestationnel moyen à la naissance pour les jumeaux avec rupture était de 30,6 SA (IQ 28,3 - 34,4). Parmi les 132 grossesses gémellaires présentant une RPM prolongée, 105 grossesses (79,5 %) ont eu une issue favorable et 22 (16,7 %) une issue défavorable. Il y avait une association significative entre la durée de la rupture, un diagnostic d’anamnios à la rupture et la durée totale de l'oligo-anamnios sur la survie néonatale (p < 0,05). Le taux de survie néonatale augmentait avec l'âge gestationnel au moment du RPM et la durée de la rupture. Le taux d'issues défavorables était sensiblement le même lorsque la rupture sur l'un des jumeaux survenait après 24 SA. Un jumeau avec un anamnios au moment du RPM était environ 10 fois plus à risque d'avoir une issue défavorable par rapport à un jumeau qui avait encore du liquide (IC 1,01 - 118,01).Conclusion : la rupture prématurée prolongée des membranes d'un des jumeaux dans le cadre des grossesses gémellaires était associée à un taux de survie et à une issue néonatale à la naissance variable selon le terme de la RPM.Une issue défavorable était associée à une durée plus courte de rupture et à un diagnostic d’anamnios au moment de la RPM. Le taux d'issues défavorables était sensiblement le même lorsque la rupture sur l'un des jumeaux se produisait après 24 SA