Un ensifère vieux de 100 millions d’années avec des parties inhabituelles de la bouche et commentaires sur l’évolution des appendices préhensibles chez les polynéoptères

L’ambre du Myanmar est connu pour fournir des fossiles du groupe Insecta avec des morphologies surprenantes. Nous présentons ici des fossiles de la nouvelle espèce Gryllobencain patrickmuelleri n. gen., n. sp. provenant de l’ambre du Myanmar, qui possèdent une morphologie générale « orthoptéroïde », et ressemblent donc aux grillons. Contrairement à la plupart des grillons, les appendices 1 et 2 du thorax (« pattes ») sont grands et proéminents, même en comparaison avec l’appendice 3 du thorax. De plus, les appendices 1 et 2 du thorax sont capables de se replier sur eux-mêmes et sont armés de setae proéminentes ressemblant à des épines, ce qui indique que ces pattes étaient à l’origine utilisées pour saisir des proies. La plus importante est une grande épine sur le tibia des deux appendices qui rappelle de loin l’éperon tibial ou la griffe des mantes religieuses. Des dispositifs comparables de capture de proies ont évolué à plusieurs reprises dans le groupe des polynéoptères : les gladiateurs (Mantophasmatodea), trois groupes de grillons des bois (Saginae, Austrosaginae, Listroscelidinae) ainsi qu’une espèce de mantes fossiles (Santanmantis axelrodi Grimaldi, 2003) semblent avoir utilisé les appendices 1 et 2 du thorax pour attraper leurs proies. Les nouveaux fossiles ne semblent pas être étroitement liés à l’un de ces groupes. Ils diffèrent surtout par des cerques proéminents équipés de nombreuses setae, probablement mécanosensorielles. Chez les cinq autres groupes, les cerques sont nettement plus petits, souvent indistincts. Les fossiles présentent en outre des maxillaires proéminents avec des parties proximales en forme de faucille et de grands palpes bien armés, ce qui indique que les maxillaires jouaient un rôle important dans la transformation des proies. Alors que les appendices du thorax représentent un cas clair d’évolution convergente, le caractère unique de l’appareil alimentaire nous amène à reconnaître les fossiles comme une nouvelle espèce hautement spécialisée.Myanmar amber is known to provide fossils of the group Insecta with surprising morphologies. Here we present fossils of the new species Gryllobencain patrickmuelleri n. gen., n. sp. from Myanmar amber that possess an overall “orthopteroid” morphology, hence resemble crickets. Unlike in most crickets, thorax appendages 1 and 2 (“legs”) are large and prominent, even in comparison to thorax appendage 3. Furthermore, thorax appendages 1 and 2 are able to fold against themselves and are armed with prominent spine-like setae, indicating that these legs were originally used for grasping prey. Most prominent is a large spine on the tibia of both appendages distantly reminding of the tibial spur or claw of praying mantises. Comparable prey-catching apparatuses have evolved repeatedly in the group Polyneoptera: gladiators (Mantophasmatodea), three ingroups of bush-crickets (Saginae, Austrosaginae, Listroscelidinae) as well as one species of fossil mantises (Santanmantis axelrodi Grimaldi, 2003) appear to have used thorax appendages 1 and 2 for prey catching. The new fossils do not seem to be closely related to any of these groups. They differ especially by prominent cerci equipped with numerous, probably mechano-sensorial setae. In the other five groups, the cerci are significantly smaller, often indistinct. The fossils furthermore have prominent maxillae with sickle-shaped proximal parts and well-armed large palps, indicating that the maxillae played an important role in processing the prey. While the thorax appendages hence represent a case of clear convergent evolution, the uniqueness of the feeding apparatus leads us to recognise the fossils as a highly specialised new species.