Les agamidés du Plio-Pleistocène de Sardaigne (Italie) avec un aperçu des données fossiles européennes de la famille

Les restes abondants des remplissages de fissures plio-pleistocènes de Monte Tuttavista (Orosei, Sardinia, Italie) permettent d’identifier un lézard acrodonte appartenant à la famille des Agamidae et qui présente une dentition antérieure pleurodonte. La morphologie des éléments squelettiques disponibles ne diffère pas de manière significative de celle des genres actuels Agama et Laudakia mais les connaissances limitées sur l’ostéologie comparative de ces deux genres ne permettent pas d’identifier avec certitude ces restes, qui sont ici référés au genre Agama s.l. (incluant les deux genres). Afin d’évaluer la contribution de la paléontologie sur la biogeographie des agamidés européens, une synthèse des données fossiles est présentée. Les agamidés sont identifiés dans environ 40 localités européennes. Le registre fossile indique que ces lézards occupaient le continent depuis au moins l’Éocène basal. Néanmoins, un hiatus important comprenant l’Éocène moyen et l’Éocène terminal a été mis en évidence. Leur distribution géographique a atteint des latitudes relativement hautes au cours du Paléogène (Belgique) et du Miocène (Allemagne et Ukraine), mais depuis le Pliocène leur répartition s’est restreinte aux régions méditerranéennes. Les restes plio-pleistocènes de Sardaigne ici rapportés constituent une des plus récentes preuves de la présence de ces lézards hors de leur répartition moderne. Curieusement, aucun reste pleistocène de ces lézards n’a encore été reporté sans ambiguïté en Europe, y compris dans les Balkans, la seule zone européenne dans laquelle les agamidés vivent actuellement. L’absence de restes post-pliocènes dans les Balkans suggère que la répartition européenne récente de Laudakia stellio n’est pas une relique d’une répartition ancestrale plus large mais que, excluant l’éventualité d’une origine anthropochorique, les ancêtres des populations actuelles se sont dispersés assez récemment depuis les régions orientales.The abundant remains from the Plio-Pleistocene fissure fillings of Monte Tuttavista (Orosei, Sardinia, Italy) allow identifying an acrodont lizard with anterior pleurodont teeth belonging to the family Agamidae. The morphology of the available skeletal elements does not significantly differ from that of the extant genera Agama and Laudakia. The poor knowledge of the comparative osteology of these genera hinders a confident identification of the remains that are simply referred to Agama s.l. (including both genera). In order to evaluate the contribution offered by palaeontology to the biogeography of the European agamids, an overview of their fossil record is presented. Agamids are present in about 40 European localities. The fossil record indicates that these lizards inhabited the continent since at least the early Eocene, with an apparent hiatus during the middle and late Eocene. The geographic range reached relatively high latitudes during the Paleogene (Belgium) and Miocene (Germany and Ukraine), but since the Pliocene it was restricted to the Mediterranean regions only. The Plio-Pleistocene remains from Sardinia here described are among the youngest European evidences for the presence of these lizards outside the modern range. Curiously, there are no unambiguous Pleistocene remains even in the Balkans, the only European Mediterranean area in which agamids still live. The absence of post Pliocene remains in the Balkans could suggest that the restricted modern European range of Laudakia stellio is not the relict of a formerly larger range but that, if not of antropochorous origin, the ancestors of extant populations dispersed relatively recently from the east.