L'application de la méthode d'usure des dents ("mesowear") aux équidés fossiles et actuels

Une nouvelle approche pour reconstruire le régime des ongulés a été proposée récemment par Fortelius & Solounias (2000) : la méthode du "mesowear". Cette approche est fondée sur le développement des surfaces occlusales des dents. La restriction à l\u27utilisation d\u27une seule dent, la M2, comme il a été suggéré initialement, nécessite un échantillonnage d\u27une certaine importance en terme d\u27individus, ce qui réduit l\u27application de la méthode à un nombre limité d\u27ensembles fossilifères. En effet un taxon fossile, subfossile, ou même récent, présente rarement un nombre suffisant de spécimens pour en satisfaire les conditions optimales d\u27utilisation. D\u27où le besoin d\u27élargir la méthode aux autres dents de la rangée supérieure pour la rendre plus performante. L\u27objectif de cet article est de tester la cohérence de la méthode du mesowear avec les autres dents de la rangée supérieure (P2, P3, P4, M1 et M3), isolées ou en combinaisons différentes. La riche collection de dents jugales de l\u27équidé Vallesien Hippotherium primigenium Meyer, 1829 et celles de deux populations du zèbre récent Equus burchelli Gray, 1824 ont été utilisées pour tester l\u27approche à l\u27aide des méthodes statistiques. Ensuite, toutes les dents isolées et leurs combinaisons possibles ont été testées pour prouver la cohérence avec la méthode classique de Fortelius & Solounias (2000). Comme résultat de l\u27application de la méthode, quatre dents deviennent donc utilisables : P4, M1, M2 et M3 ; ce qui permet de considérer un plus grand nombre de spécimens par taxon dans le même ensemble fossile, sans perdre de cohérence avec l\u27approche classique. Nous concluons que la "méthode élargie du mesowear" est particulièrement bien adaptée pour la reconstitution des paléorégimes des équidés hypsodontes.A new approach of reconstructing ungulate diets, the mesowear method, was introduced by Fortelius & Solounias (2000). Mesowear is based on facet development on the occlusal surfaces of the teeth. Restricting mesowear investigation on the M2 as has previously been suggested would limit application of the mesowear methodology to large ungulate assemblages. Most of the fossil, subfossil and recent ungulate assemblages that have been assigned to a single taxon have a smaller number of individuals. This results in the demand to extend the mesowear method to further tooth positions in order to obtain stable dietary classifications of fossil taxa. The focus of this paper is to test, if a consistent mesowear classification is obtainable for the remaining positions of the upper cheek tooth dentition (P2, P3, P4, M1 and M3) and for combinations of these tooth positions. For statistical testing, large assemblages of isolated cheek teeth of the Vallesian hipparionine horse Hippotherium primigenium Meyer, 1829 and of two populations of the recent zebra Equus burchelli Gray, 1824 are employed as models. Subsequently, all single cheek tooth positions and all possible combinations of these tooth positions are tested for their consistency in classification of the mesowear variables compared to the M2, the model tooth of Fortelius & Solounias (2000). As the most consistent model for the proposed "extended" mesowear method, the combination of four tooth positions P4, M1, M2, and M3 is identified, which allows to include the largest number of isolated tooth specimens from a given assemblage, and fulfills the demand of being consistent in the dietary mesowear classification with the "original" mesowear method. We propose the "extended" mesowear method to be particularly well suited for the reconstruction of paleodiets in hypsodont equids.