Des animaux sous une chape de plomb

Textes littéraires et historiques de la tradition chinoise n\u27attribuent aux animaux réels qu\u27un rôle secondaire. Les créatures symboliques en revanche, animaux réels chargés de vertus supposées, ou animaux imaginaires comme le dragon dont les antécédents archéologiques sont ici brièvement répertoriés, y occupent, à l\u27inverse, une place de tout premier plan. Une observation dénuée d\u27a priori fait pourtant apparaître, en Chine comme ailleurs, et à l\u27encontre des idées reçues, une utilisation intense et durable de l\u27animal, suivant des processus variables selon les lieux et les époques. Il n\u27est donc plus possible de considérer la société chinoise comme un « non-système domesticatoire ». Les récentes données archéologiques contredisent en effet largement, sur le temps long, à la fois le silence relatif des historiens chinois et les remarques ponctuelles de certains voyageurs occidentaux, au XXe siècle. C\u27est la nécessité et l\u27urgence d\u27une recherche sérieuse sur le système domesticatoire chinois qui sont soulignées ici. Le travail à entreprendre est énorme. Mais les chercheurs disposent de deux points de départ stables : les vestiges archéologiques chinois nouvellement mis au jour ; et les méthodes d\u27investigation expérimentées par les « zoohistoriens » occidentaux (et, nommément, français). L\u27application de certaines de ces méthodes, simplement esquissée ici afin de mieux définir la place du chien, suggère combien ce mariage entre faits chinois et méthodes occidentales peut se révéler fructueux.Whoever is asked about animals in Chinese traditional society is likely to reply "creature of no importance": although ubiquitous in Chinese art and literature, most animals are highly symbolic, such as dragons, the origin of which is archaeologically stressed here. Nevertheless, a serious insight into the archaeological materials available reveals a society strongly based on animal exploitation. Consequently, regardless of what might have been said or written by some 20th century foreign observers, China cannot be said, as a whole and in the long run, a "non-domesticating System". The necessity to start a new research program on animals and Chinese society is emphasized here. The task is enormous, but two starting points can be relied on: archaeological evidence of animal life and domestication through the ages, and techniques of investigation established by Western (mainly French) zoohistorians. As an example, this new approach is outlined here in order to shed a new light on the place of the dog in Chinese society.