De nouveaux restes de cachalot du Miocène supérieur de la mer du Nord et une attribution de famille révisée pour le petit physétéroïdé apical <i>Thalassocetus</i> Abel, 1905

Notre compréhension de l’origine et de la première radiation évolutive des deux familles de cachalots actuels, à savoir les Kogiidae Gill, 1871 (incluant les cachalots pygmées et nains, Kogia spp.) et les Physeteridae Gray, 1821 (incluant le grand cachalot, Physeter Linnaeus, 1758), reste limitée du fait de la mauvaise résolution des relations phylogénétiques entre un certain nombre d’espèces éteintes, et ce malgré l’amélioration constante du registre fossile des physétéroïdés. Au sein de ce registre fossile, sur la base de matériel crânien fragmentaire provenant d’Anvers (Belgique, bassin de la mer du Nord) et daté de la fin du Miocène inférieur au Miocène moyen, l’espèce Thalassocetus antwerpiensis Abel, 1905 a été identifiée en tant que kogiidé le plus basal. La découverte récente du crâne d’un petit physétéroïdé dans le Miocène supérieur (Tortonien) d’Anvers donne lieu ici à la description et à la comparaison d’un proche parent de T. antwerpiensis. Grâce au stade ontogénétique relativement précoce de ce nouveau spécimen, les plaques osseuses extrêmement modifiées qui forment le bassin supracrânien ont pu être individuellement retirées, ce qui a grandement aidé à leur identification et à la compréhension de leur géométrie. Les similarités morphologiques notées entre ce spécimen et T. antwerpiensis permettent de nouvelles interprétations de plusieurs structures de la face de ce dernier. La plus importante révision concerne la structure en forme de crête identifiée précédemment comme la crête sagittale faciale, caractéristique des kogiidés ; cette structure est ici identifiée comme le bord postérolatéral gauche du bassin supracrânien, constitué du nasal gauche (perdu chez les kogiidés chez lesquels la région post-nariale est connue) et du maxillaire gauche. Intégrées dans une analyse phylogénétique, ces interprétations anatomiques du nouveau spécimen belge et de T. antwerpiensis révèlent pour ceux-ci une relation de groupes frères dans la famille des Physeteridae. Par conséquent, les plus anciens kogiidés fossiles connus sont maintenant datés du Tortonien, ce qui allonge d’autant plus la lignée fantôme séparant les premières occurrences de kogiidés fossiles (début du Miocène supérieur) de la divergence entre kogiidés et physétéridés, estimée entre l’Oligocène terminal et le tout début du Miocène.In spite of a continuously expanding physeteroid fossil record, our understanding of the origin and early radiation of the two modern sperm whale families Kogiidae Gill, 1871 (including the pygmy and dwarf sperm whales, Kogia spp.) and Physeteridae Gray, 1821 (including the great sperm whale, Physeter Linnaeus, 1758) remains limited, especially due to the poorly resolved phylogenetic relationships of a number of extinct species. Among those, based on fragmentary cranial material from the late early to middle Miocene of Antwerp (Belgium, North Sea basin), the small-sized Thalassocetus antwerpiensis Abel, 1905 has been recognized for some time as the earliest branching kogiid. The discovery of a new diminutive physeteroid cranium from the late Miocene (Tortonian) of Antwerp leads to the description and comparison of a close relative of T. antwerpiensis. Thanks to the relatively young ontogenetic stage of this new specimen, the highly modified plate-like bones making the floor of its supracranial basin could be individually removed, a fact that greatly helped deciphering their identity and geometry. Close morphological similarities with T. antwerpiensis allow for the reassessment of several facial structures in the latter; the most important reinterpretation is the one of a crest-like structure, previously identified as a sagittal facial crest, typical for kogiids, and here revised as the left posterolateral wall of the supracranial basin, comprised of the left nasal (lost in kogiids for which the postnarial region is known) and the left maxilla. Implemented in a phylogenetic analysis, the new anatomical interpretations result in the new Belgian specimen and T. antwerpiensis being recovered as sister-groups in the family Physeteridae. Consequently, the geologically oldest kogiids are now dated from the Tortonian, further extending the ghost lineage separating these early late Miocene kogiid records from the estimated latest Oligocene to earliest Miocene divergence of kogiids and physeterids.