Comparaison morphométrique d’espèces sympatriques de <i>Campylopus</i> Brid. (Leucobryaceae, Bryophyta)

Campylopus Brid. est un genre largement distribué avec quelques espèces très généralistes. Les différences morphologiques entre les plantes montrant ou non une expression sexuée et l’occurrence fréquente de pieds n’exprimant pas de sexe ont généré des difficultés dans l’identification de ce groupe. Notre principal objectif est de comparer morphologiquement les gamétophytes de deux espèces de Campylopus : Campylopus julaceus A.Jaeger et Campylopus lamellatus Mont. Nous avons mené des analyses morphométriques (basées sur 22 caractères du gamétophyte), quantifié les expressions sexuelles et testé la viabilité des propagules asexuées produites par C. julaceus. Nos résultats indiquent que ces deux espèces possibles ne forment pas deux groupes mutuellement exclusifs. L’expression sexuée de C. julaceus était significative (84.4 %, avec 88.2 % de femelles et 11.8 % de mâles), comparée à l’expression basse de C. lamellatus (5.29 %, 55.5% de femelles et 44.5 % de mâles). Des propagules asexuées apparaissent chez les deux espèces, mais sont plus fréquentes chez C. julaceus (100 % des échantillons) que chez C. lamellatus (31 %). Ces propagules montrent 50 à 60 % de régénération, formant, en deux jours seulement, des rhizoïdes ou des protonéma verts. Campylopus lamellatus est souvent rencontré stérile, tandis que C. julaceus est apparemment seulement sous la forme sexuée. De plus, puisque le succès du sexe de l’espèce peut être restreint par une séparation spatiale des sexes, les propagules asexuées peuvent s’avérer utiles pour la continuité des populations. Enfin, nous soulignons l’importance des études axées sur l’analyse de l’ADN au niveau de la population et impliquant des spécimens récoltés à l’échelle mondiale pour mieux comprendre la délimitation des espèces sympatriques de Campylopus.Campylopus Brid. is a widely distributed genus with some very generalist species. Morphological differences between non and sex-expressing plants and the frequent occurrence of non-sex-expressing shoots have generated difficulties in the identification of the group. Our main objective was to morphologically compare the gametophytes of two species of Campylopus: Campylopus julaceus A.Jaeger and Campylopus lamellatus Mont. We performed morphometric analyses (based on 21 gametophyte characters), quantified their sexual expressions, and tested the viability of the asexual propagula produced by C. julaceus. Our results indicate that those putative species do not form two mutually exclusive groups. Sexual expression in C. julaceus was significant (84.4%, with 88.2% females and 11.8% males), compared to the low expression of C. lamellatus (5.29%, 55.5% females and 44.5% males). Asexual propagula occurred in both species, but were more frequently expressed in C. julaceus (100% of the samples; C. lamellatus 31%). Those propagula showed 50 to 60% regeneration, forming rhizoids or green protonemata within only two days. Campylopus lamellatus is often encountered sterile, while C. julaceus is apparently only a sexual form. Additionally, as the sexual success of the species can be restricted by the spatial separation of the sexes, asexual propagula should be useful for population maintenance. Finally, we highlight the importance of studies focusing on DNA analyses at the population level and involving specimens collected globally to better understand the delimitation of sympatric species of Campylopus.