Anatomie de <i>Haplomastodon chimborazi</i> (Mammalia, Proboscidea) du Pléistocène supérieur de l’Équateur et ses implications sur la phylogénie et sur la systématique des gomphothères de l’Amérique du Sud

La révision du matériel du Pléistocène tardif de Bolivar, Équateur, associé à Haplomastodon chimborazi (Proaño, 1922), et sa comparaison avec les autres gomphothères trilophodontes du Nouveau Monde, fournissent des données morphologiques inédites permettant de développer une nouvelle hypothèse phylogénétique pour les proboscidiens d’Amérique du Sud (SA). Haplomastodon Hoffstetter, 1950 comprend une seule espèce SA dont le nom valide est H. chimborazi. Le taxon H. waringi (Holland, 1920), fondé sur l’étude d’un matériel non diagnostique, est considéré invalide. L’analyse cladistique soutient la monophylie des gomphothères SA (Cuvieroniinae) H. chimborazi, Cuvieronius hyodon (Fischer de Waldheim, 1814), et “Stegomastodon” platensis (Ameghino, 1888), définis par cinq caractères non ambigus. Des résultats contradictoires quant aux relations internes des gomphothères SA conduisent à trois hypothèses alternatives : deux paires exclusives ((H. chimborazi, “S.” platensis) C. hyodon) et ((C. hyodon, “S.” platensis) H. chimborazi)), ou une trifurcation. Elles impliquent que la séparation ancestrale des trois taxons SA serait le résultat, soit de deux branchements dichotomiques successifs, soit d’un unique évènement de trifurcation. La dernière hypothèse serait cohérente avec la distribution fossile séparée des trois espèces de gomphothères SA. “Stegomastodon” platensis n’apparait pas directement lié aux Stegomastodon Pohlig, 1912 nord-américains (NA), ce qui soutient son exclusion de ce genre. L’espèce NA Rhynchotherium cf. falconeri Osborn, 1923 se place en groupe frère des gomphothères SA, sur la base de quatre caractères non équivoques. Les Stegomastodon NA et Sinomastodon Tobien, Chen & Yuqing, 1986 asiatiques forment les groupes externes successifs du clade précédent avec lequel ils forment un groupe monophylétique qui inclut toutes les espèces brévirostres considérées, associées au gomphothère à symphyse mandibulaire inclinées vers le bas Rhynchotherium Falconer, 1868. Les résultats de l’analyse phylogénétique présente indiquent un niveau relativement élevé d’homoplasie au sein de l’évolution des gomphothères du Nouveau Monde.I present here a revision of the late Pleistocene Haplo-mastodon chimborazi (Proaño, 1922) material from Bolivar, Ecuador and a comparison with other New World trilophodont gomphotheres, and provide new morphological data in order to develop a novel phylogenetic hypothesis of South American (SA) proboscideans. Haplo-mastodon Hoffstetter, 1950 includes a single SA species whose valid name is H. chimborazi. Haplo-mastodon waringi (Holland, 1920) is considered to be an invalid taxon as it is based on undiagnosed material. Phylogenetic analysis supports the monophyly of SA gomphotheres (Cuvieroniinae) H. chimborazi, Cuvieronius hyodon (Fischer de Waldheim, 1814), and "Stegomastodon" platensis (Ameghino, 1888), based on five unambiguous characters. Conflicting evidence regarding the interrelationships of SA gomphotheres leads to three possible alternative hypotheses: two paired associations ((H. chimborazi,“S.” platensis) C. hyodon) and ((C. hyodon,“S.” platensis) H. chimborazi), and a trichotomy. These imply that the ancestral separation of the three SA taxa might be either the result of two successive dichotomous branchings or of a single trichotomous branching event. The latter hypothesis would be consistent with the disjunct fossil distribution of the three SA gomphothere species. “Stegomastodon” platensis is shown to be not closely related to North American (NA) Stegomastodon Pohlig, 1912, supporting its removal from the latter genus. The NA species Rhynchotherium cf. falconeri Osborn, 1923 is placed as the sister taxon of SA gomphotheres, on the basis of four unequivocal characters. NA Stegomastodon and the Asian Sinomastodon Tobien, Chen & Li, 1986 form successive outgroups to the previous clade together with whom they form a monophyletic group which includes all the brevirostrine species considered, along with the “depressed-beaked” gomphothere Rhynchotherium Falconer, 1868. The results of the present phylogenetic analysis indicate a rather high level of homoplasy in the evolution of New World gomphotheres.