La dépossession de la famille de Saint-Gilles

Jacques Paul, The dispossession of the Saint-Gilles family The bull Quantum Ecclesia laboraverit of Innocent III sets out in juridical form the dispossession of the Saint-Gilles family decided by the Fourth Lateran Council. It mirrors exactly the Albigensian Crusade : an affair of peace and of faith. Having contravened both, the Count of Toulouse was recognised as guilty under both heads of accusation ; both entailed the confiscation of goods. The grounds in relation to peace were the use of mercenaries. They differ from what had been retained in the letters of Innocent III in 1207 and 1209. This choice is explained by taking into consideration Canon 27 of the Third Lateran Council, the juridical efficacy of which is unchallenged. Guilt as a feature of heresy carries with it the extension of the loss of goods to the heirs, even if they are orthodox. Reference to these two sets of grounds, the one drawing on the other, permits one to pass over objections of principle, and also over the various difficulties linked to the dispossession of a prince, to be over¬ ruled. The choice of Simon de Montfort was made in the context of the distribution of the conquered lands to the crusaders, with the obligation of holding them from their suzerain. Philip Augustus, faced with the fait accompli, knew how to profit from this decision, which opened up the country to Capetian intervention.Jacques Paul, La dépossession de la famille de Saint-Gilles. La bulle d’innocent III Quantum Ecclesia labor averit met en forme juridiquement la dépossession de la famille de Saint-Gilles décidée par le IVe concile du Latran. Elle se calque sur la définition même de la croisade albigeoise : une affaire de paix et de foi. Ayant transgressé l’une et l’autre, le comte de Toulouse est reconnu coupable de ces deux chefs d’accusation qui entraînent, le premier comme le second, la confiscation des biens. Le motif lié à la paix est l’emploi de mercenaires. Il diffère de ce qui avait été retenu dans les lettres d’innocent III en 1207 et en 1209. Ce choix s’explique par la prise en compte du canon 27 du IIIe concile du Latran dont l’efficacité juridique est sans recours. La culpabilité comme fauteur d’hérésie entraîne l’extension de la perte des biens aux héritiers, même orthodoxes. La référence à ces deux motifs, l’un appuyant l’autre, permet de passer outre aux objections de principe et aux diverses difficultés liées à la dépossession d’un prince. La désignation de Simon de Montfort se fait dans le cadre de l’attribution des terres conquises aux croisés, avec l’obligation de les tenir de son suzerain. Philippe Auguste, mis devant le fait accompli, sait tirer parti de cette décision qui ouvre le pays à l’intervention des Capétiens.Paul Jacques. La dépossession de la famille de Saint-Gilles. In: Innocent III et le Midi. Toulouse : Éditions Privat, 2015. pp. 39-62. (Cahiers de Fanjeaux, 50