Prévalence de la psychose associée a la maladie de Parkinson : étude d’une cohorte de patients atteints de la maladie de Parkinson en consultation au CHU de Rouen

La psychose représente l'une des manifestations non motrices les plus handicapantes de la maladie de Parkinson. Elle peut se manifester sous forme de phénomènes mineurs (comprenant illusions, sensations de passage et de présence), d'hallucinations ou de délires. Sa prévalence varie de 16% à 74% selon les études. Ses principaux facteurs de risques sont l'âge, les formes avancées de la maladie associant des troubles neurocognitifs sévères, un handicap moteur marqué, la présence d'une somnolence diurne excessive ou de TCSP et un syndrome anxio-dépressif. Si les agonistes sont reconnus comme possiblement responsables de la survenue de certaines manifestations, l'imputabilité des autres traitements anti-parkinsoniens reste débattu. Bien qu'aucune recommandation officielle n'existe, la prise en charge des troubles reste stéréotypée : recherche d'une cause secondaire, surveillance simple si absence de retentissement puis allégement du traitement voire introduction d'anti-psychotique si nécessaire. OBJECTIFS : L'objectif principal de ce travail était d'évaluer la prévalence de la psychose associée à la MP au sein d'une cohorte de patients suivis en consultation dans le centre expert Parkinson au CHU de Rouen. Les objectifs secondaires étaient : i) d'analyser les associations éventuelles entre la psychose et les caractéristiques de nos patients ; ii) de décrire la prise en charge de la psychose associée à la MP. PATIENTS ET MÉTHODES : Tous les patients reçus en consultation dans le centre expert Parkinson sur la période du 9 juin au 6 décembre 2021 ont été évalués. Les données cliniques et démographiques ont été recueillies de façon prospective à l'aide d'un questionnaire permettant de recenser la présence des principales manifestations psychotiques et de leurs principaux facteurs de risques. Les données manquantes étaient recueillies de façon rétrospective par l'étude des dossiers médicaux ou par l'interrogatoire des praticiens extérieurs. RÉSULTATS : Trois cent-quinze patients ont été inclus. Cent trente-six patients (43,2%) présentaient les critères de psychose associée à la MP. Les manifestations les plus fréquentes étaient les hallucinations (98 patients, soit 72%) suivies des phénomènes mineurs (81 patients, soit 59,5%) puis des délires (21 patients, soit 15,4%). Les hallucinations étaient majoritairement visuelles (94 patients, soit 96%) impliquant des personnages ou des animaux. Les illusions prédominaient parmi les phénomènes mineurs (47 patients, soit 58%). La persécution était le thème délirant le plus fréquent (17 patients, soit 81%). Les patients psychotiques se distinguaient de manière significative sur plusieurs points : un âge plus élevé, une durée d'évolution de la MP plus importante, une plus grande sévérité du handicap moteur, une prédominance du phénotype akinéto-rigide, des hospitalisations récentes ou un placement en institution plus fréquent, davantage de troubles cognitifs majeurs, de somnolence diurne excessive, de dysautonomie, de signes axiaux, de dyskinésies, de fluctuations motrices et de chutes récentes, de traitement par dopathérapie (avec une durée de dopathérapie et des équivalents journaliers de L-Dopa également plus élevés), par agonistes dopaminergiques, ICOMT, anti-dépresseurs, benzodiazépines, anti-cholinestérasiques, amantadine, pompe à apomorphine, infusion intra-jéjunale de DUODOPA ou clozapine.CONCLUSION : La psychose représente une complication fréquente de la maladie de Parkinson. Ses manifestations sont variées. Elle nécessite une surveillance attentive afin de la prendre en charge au bon moment de façon adaptée