The Reception of Isis in France (1798-1884)

Les pérégrinations d’Isis, déesse originaire d’Égypte dont le culte s’est diffusé dans le bassin méditerranéen entre le IVe siècle av. n. è. et le IVe siècle de n. è., ne s’achèvent pas avec la fin de l’Antiquité. Les images de la divinité sont attestées, selon des modalités variées et au sein d’une documentation diversifiée, depuis la fin de la période antique jusqu’à nos jours. La présente étude se propose de considérer, dans la perspective de la réception de l’Antiquité, une étape dans le périple d’Isis en examinant plus particulièrement la période comprise entre 1798 et 1884 en France. Ce terrain est en effet riche de sources nombreuses, qu’il s’agisse de textes, de représentations figurées ou d’objets, qui n’ont, pour beaucoup d’entre elles, pas encore été traitées. En 1798 tout d’abord, dans le contexte de la campagne d’Égypte, les Français se confrontent aux vestiges de la vallée du Nil. L’année 1884 correspond par ailleurs à la publication de la thèse de Georges Lafaye, première étude scientifique consacrée au culte d’Isis hors de l’Égypte. La réflexion se noue principalement autour des questions relatives à la construction et à la circulation des savoirs. En appréhendant les trajectoires particulières, les acteurs sont placés au cœur de l’analyse interrogeant ainsi la diversité des regards portés sur la déesse. Les différentes incarnations d’Isis ne peuvent ainsi se comprendre uniquement comme des manifestations de l’égyptophilie voire de l’égyptomanie, phénomènes au prisme desquels la divinité a souvent été envisagée de manière exclusive. La réception de l’Antiquité s’impose alors comme une méthode heuristique féconde pour étudier la resémantisation des images de la déesse au XIXe siècle. Elle permet en effet, en restituant au phénomène sa complexité, d’interroger les dialogues entre passés et présents et d’envisager l’Antiquité égyptienne à la fois comme « origine », « source » et « référence ». En définitive, il n’existe pas une manière de « recevoir » Isis, mais cette dernière est l’objet d’appropriations multiples.The journey of Isis, a goddess originally from Egypt whose cult spread throughout the Mediterranean basin between the 4th century BC and the 4th century AD, did not conclude with the end of Antiquity. Images of the deity are attested, in various ways and documents, from ancient times to the present day. The aim of this study is to consider, in the perspective of the reception of Antiquity, a stage in the journey of Isis by examining more particularly the period between 1798 and 1884 in France. Indeed, numerous sources have not yet been studied. First of all in 1798, during the campaign led by Bonaparte in Egypt and Syria, the French confronted the remains of the Nile valley. The year 1884 also corresponds to the publication of Georges Lafaye's thesis, the first scientific study devoted to the cult of Isis outside Egypt. The reflection is mainly tied around questions relating to the construction and circulation of knowledge about Isis. By understanding specific trajectories, the agents are placed at the heart of the analysis. The various incarnations of Isis between 1798 and 1884 cannot be understood only as manifestations of Egyptophilia or even Egyptomania, phenomena through which Isis has often been viewed exclusively. The reception of Antiquity thus stands out as a fruitful heuristic method for studying the resemantization of images of Isis in the 19th century. It allows indeed, by restoring to the phenomenon its complexity, to question the dialogues between past and present and to consider Egyptian Antiquity at the same time as “origin”, “source” and “reference”. Ultimately, there is no one way to “receive” Isis, but the latter is the object of multiple appropriations