From a front to another... Diplomatic, military and memorial uses of the Russian brigades in Macedonia during the Great War

Cette thèse retrace le parcours des brigades russes, envoyées dans les Balkans pendant la Première Guerre mondiale, depuis leur débarquement à Salonique, en Macédoine (dans le Nord de la Grèce) en 1916, jusqu’à leur retour en Union soviétique en 1920. Venues renforcer les armées françaises et serbes sur le front d’Orient, ces troupes prennent part aux offensives alliées de septembre 1916 à octobre 1917. Mais éprouvées par le paludisme, l’absence de permissions et les conditions de vie au front, elles se mutinent en novembre 1917, lorsqu’elles apprennent qu’une demande d’armistice est adressée par Lénine à l’Allemagne. Le commandement français décide alors de les retirer du front, mais de convertir – de gré ou de force – la plupart de ces soldats en travailleurs au sein de l’armée d’Orient ou en Afrique du Nord. Le but est tout d’abord de comprendre le sens de cette intervention russe dans les Balkans, et d’exposer les modalités d’intégration de ces troupes dans une coalition d’armées impériales et coloniales sur le front balkanique. Nous tenterons alors de comprendre pourquoi, alors qu’elles opposent progressivement une résistance de plus en plus forte à la poursuite des combats, à toute forme de discipline, à leur reconversion en unités de travailleurs, et à tout remploi dans la guerre civile russe, les armées française et russe n’ont de cesse de mobiliser ces hommes sur une série de fronts (fronts diplomatique, militaire, mémoriel, etc.). Cette analyse des emplois et contre-emplois d’une unité militaire nous permettra ainsi d’éprouver et de qualifier une série de projets des diplomates et militaires russes et français dont les brigades sont à la fois l’instrument, le cadre et l’objet.This thesis traces the journey of the Russian brigades, sent to the Balkans during the First World War, from their landing in Salonika, Macedonia (in northern Greece) on 1916, until their return to the Soviet Union in 1920. These troops came to reinforce the French and Serbian armies on the Macedonian Front and took part in the Allied offensives from September 1916 to October 1917.But suffering from malaria, lack of leave and living conditions at the front, they mutinied in November 1917, when they learned that Lenin had asked Germany for an armistice. The French command then decided to withdraw them from the front, but to convert - willingly or by force - most of these soldiers into workers in the Armée d’Orient or in North Africa.The aim to understand the meaning of this Russian intervention in the Balkans, and to how these troops in a coalition of imperial and colonial armies on the Balkan front. We will then try to understand why, while they opposed more and more to the continuation of the war, to any form of discipline, to their reconversion into workers' units, and to remobilization in the Russian civil war, the French and Russian armies did not cease to mobilize these men on a series of fronts (diplomatic, military, memorial fronts, etc.).Analyzing the multiple remobilizations of a military unit will thus allow us to expose a series of projects conceived by Russian and French diplomats and military personnel