Science and artifice in Ovid's erotodidactic work. Epistemological, ethical and aesthetic implications of the reassessment of the notion of ars in the Ars amatoria, the Remedia amoris and the Medicamina faciei femineae.

La notion d’ars est au fondement de l’œuvre érotodidactique d’Ovide. Polysémique, elle embrasse un large sémantisme qui oscille entre les sens de « science », de « technique », et ceux d’ « adresse », d’« artifice ». En lisant l’Ars, les Remedia et les Medicamina sous l’unique prisme du badinage, on a souvent nié qu’il existait une science dans l’enseignement du praeceptor et l’on a principalement envisagé l’artifice au travers de son effet humoristique. Cette thèse étudie le concept d’ars au sein des trois poèmes et vise à réévaluer l’œuvre érotodidactique d’Ovide à partir de ce pour quoi elle a été paradoxalement dépréciée : son manque de scientificité et son excès d’artificialité. Notre étude part du constat qu’en l’espace de plusieurs centaines de distiques se succèdent des préceptes qui prétendent enseigner un savoir. La première partie de notre enquête s’attache à appréhender la forme et la nature du savoir du praeceptor amoris, d’une part en le re-contextualisant dans le développement des artes à la fin de la République et au début de l’Empire et, d’autre part, en envisageant l’habileté technique et rusée comme un mode de connaissance. Une étude spécifique est ensuite consacrée à la médecine et à la magie dans les Remedia et les Medicamina au sein desquels le paradigme de l’ars médicale détient une fonction centrale. Une troisième partie examine successivement les trois règles de l’ars dégagés (modus, decorum, dissimulatio) et souligne les liens de parenté avec les principes issus de la rhétorique. Est enfin analysée la façon dont Ovide revalorise l’artifice, au travers de son effet illusionniste, et place celui-ci au cœur d’une vision du monde et de la poésie.The notion of ars is at the basis of Ovid’s erotodictatic work. The word covers a wide semantic field, ranging in meaning from “science” and “technique” to “craft” or “artifice”. By reading the Ars, the Remedia and the Medicamina primarily through the lens of parody, critics have often tended to disparage the science contained within the praeceptor’s teaching and considered the notion of artifice mainly for its comical effect. This dissertation explores the ways in which the concept of ars expresses itself in the three poems and aims at reappraising Ovid’s erotodidactic work by shedding new light on the qualities for which it has been depreciated: the lack of science and the excess of artificiality. This study takes as its premise the observation that, throughout the numerous elegiac couplets, instructions are given claiming to teach knowledge. In the first part, we wish to give a better understanding of the features and nature that apply to the praeceptor’s knowledge, firstly, by viewing it in the context of the development of the artes during the late Republican and early Imperial periods, and secondly, by considering technical skill and cunning as a mode of knowledge. A specific study is then dedicated to the subjects of medicine and magic in the Remedia and Medicamina in which the paradigm of medical ars plays an essential role. A third part examines the three principles of the erotic ars (modus; decorum ; dissimulatio) and emphasizes their connections with rhetorical principles. Finally, we investigate the ways in which Ovid elevates the notion of artifice through the power of illusion, and places it at the core of his conception of the world and of poetry