L’histoire de la nature commence-t-elle avec les poèmes homériques ? Lire la phusis grecque à travers l’anthropologie de Philippe Descola

International audienceIn the last thirty years, the social sciences have shed new light on the concept of nature, on its history and on the cosmology that underpins it. If the concept of nature now appears as a creation of Western modernity, the beginning of its history continues to be identified with the development of the Greek notion of phusis. In this contribution, I use the theoretical apparatus developed in Philippe Descola’s Beyond Nature and Culture to criticize this historiographical schema, tacking as a case study the earliest attestations of the word phusis and of the related terms phuō, phuē and euphuēs in the Homeric poems. The article shows that the history of the concept of phusis (or rather, that of the many concepts sign-posted by this word) is not that of the concept of "nature" in ancient Greece.Dans les trente dernières années, les sciences sociales ont apporté de nouveaux éclairages sur le concept de nature, son histoire et la cosmologie qui le sous-tend. Si le concept de nature apparaît désormais comme une création de la modernité occidentale, le début de son histoire continue d’être identifié avec le développement de la notion grecque de phusis. Dans cet article, j’utilise l’appareil théorique développé par Philippe Descola dans Par-delà nature et culture afin d’esquisser une critique de ce schéma historiographique, en prenant comme cas d’étude les premières attestations du mot phusis et des mots apparentés phuō, phuē, euphuēs dans les poèmes homériques. Je montre ainsi que l'histoire du concept grec de phusis (ou, plus précisément, des multiples concepts que phusis a désignés) n'est pas celle du concept de nature en Grèce antique