Étude du thème relationnel conflictuel central chez des patients dépressifs : évolution au cours de la psychothérapie et lien avec la réponse thérapeutique

Introduction : La dépression est une des psychopathologies les plus courantes. Elle se distingue par sa résistance au traitement, et son évolution relativement fréquente vers la chronicité ou la récurrence des épisodes dépressifs. L’un des traitements recommandés de la dépression est la psychothérapie. Elle vise en particulier à surmonter les difficultés relationnelles des patients. Notre étude explore tout d’abord le fonctionnement des patients atteints de dépression, puis dans un second temps, les changements des patients hospitalisés dépressifs au cours d’une psychothérapie ainsi que ceux menant à la réponse thérapeutique. Méthodologie : Pour cette étude exploratoire, un sous-échantillon (n = 10) a été extrait d’une étude randomisée contrôlée. L’échantillon comprend 5 patients répondeurs et 5 patients non- répondeurs à la psychothérapie (en fonction de l’évolution des symptômes dépressifs sur l’échelle QIDS). Pour chaque cas, 2 séances ont été analysées (une au début de la psychothérapie - séance 2 ou 3 – et une à la fin – l’avant-dernière séance). Le « Thème relationnel conflictuel central » est un outil qui permet de mettre en évidence les schémas relationnels privilégiés de chaque patient à partir de la retranscription de séances de psychothérapie. L’analyse se fait sur la base du repérage d'épisodes relationnels, qui sont ensuite codés en fonction de trois composantes : le désir (D) ou besoin exprimé par l'individu, la réponse des autres (RO) à ce désir ou besoin, et enfin la réponse du sujet (RS) à la réponse des autres. Deux caractéristiques de ces composantes sont mesurées : la pervasiveness (leur degré de persistance dans les épisodes relationnels) et la négativité (leur degré de négativité dans les épisodes relationnels). Résultats : Les patients expriment principalement les désirs « être aimé et compris » (33%) et « être proche des autres et les accepter » (26%). Ils se représentent la réaction des autres comme « rejetants et opposés » (49%), et « contrariés » (12%), et ils y réagissent en étant « démunis » (29%) et « désappointés et déprimés » (28%). En fin de psychothérapie, les désirs « être aimé et compris » et « être proche des autres et les accepter » diminuent alors que « être distant et éviter les conflits » augmente. Les autres deviennent plus « aidants » et les patients se sentent plus fréquemment « respectés et acceptés ». La pervasiveness des désirs diminue (de 51% à 37%). Enfin la réponse à la psychothérapie est liée à la représentation de la réponse des autres comme « mauvais » qui est plus fréquente dans le groupe des non-répondeurs à la psychothérapie (15% vs 3%). La négativité des réponses est plus élevée dans le groupe des non-répondeurs (74% contre 62% respectivement). Finalement, les valeurs de pervasiveness des désirs et des réponses du sujet sont plus élevées chez les répondants en début de psychothérapie (57% vs 45% pour les désirs et 46% vs 33% pour les réponses du sujet). Conclusion : Notre étude explore le fonctionnement de la dépression, celle-ci étant liée à une peur d’abandon et de non-approbation des autres. Les patients dépressifs présentent une contamination importante de leurs relations par des schémas relationnels conflictuels particuliers. Au cours d’une psychothérapie psychodynamique brève, les composantes du CCRT évoluent et la négativité et pervasiveness diminuent. Nous vérifions ainsi que la psychothérapie brève a un effet sur les schémas relationnels des patients allant dans le sens d’une plus grande souplesse et d’une meilleure adaptation de ceux-ci