Les revendications professionnelles comme exigence de reconnaissance : avocats et oukils tunisiens en contexte colonial (1883-1956)

International audienceIn Tunisia, the colonial formula of the protectorate, the political and judicial contexts pushed the French government to accept the constitution of plurinational bars largely modelled on the French model, as well as the existence of a judicial body of “avocats-défenseurs” whose members were appointed by the French government. Furthermore, the 'protective' state, by maintaining the existence of an indigenous administration, created a body of 'indigenous' lawyers before the Tunisian judiciary, the oukils.The history of the defense professions under the French protectorate was therefore that of a form of double professional dualism, itself linked to a judicial dualism between the Tunisian and French jurisdictional orders. The existence of a body of lawyers and a body of “avocats-défenseurs” before the French justice system in Tunisia, as well as that of a body of oukils before the “indigenous justice system”, contributed to exacerbating a demand for social recognition, denunciation of colonial domination and inequality of status linked to the denunciation of various forms of legal discrimination defined by the colonizer and based on nationality.En Tunisie, la formule coloniale du protectorat, les contextes politique et judiciaire ont poussé le gouvernement français à accepter la constitution de barreaux plurinationaux largement calqués sur le modèle français, ainsi que l’existence d’un corps judiciaire d’avocats-défenseurs dont les membres étaient nommés par le gouvernement français. Par ailleurs, l’État « protecteur », en maintenant l’existence d’une administration indigène, a créé un corps « d’avocats » « indigènes » près la justice tunisienne, les oukils.Aussi l’histoire des professions de défense sous le protectorat français sera-t-elle celle d’une forme de double dualisme professionnel, lui-même lié à un dualisme judiciaire entre ordre juridictionnel tunisien et ordre juridictionnel français. L’existence d’un corps d’avocats et d’un corps d’avocats-défenseurs près la justice française de Tunisie ainsi que celle d’un corps d’oukils près la « Justice indigène » a contribué à exacerber une revendication de reconnaissance sociale, de dénonciation de la domination coloniale et de l’inégalité de statut liée à la dénonciation de diverses formes de discriminations juridiques définies par le colonisateur et fondées sur la nationalité