Personnage féminin et rêve d'amour : la représentation du mariage dans <i>Une vie</i> de Maupassant

On observe souvent dans la littérature des contrastes entre amour et mariage, mais qu’en est-il dans les œuvres réalistes et naturalistes du XIXe siècle, elles qui tendent à décrire le plus fidèlement possible les mœurs sociales de leur temps ? Maupassant est une figure romanesque souvent mise de côté, notamment parce qu’on le connaît davantage pour ses nouvelles fantastiques, lui qui se révèle néanmoins être l’auteur de six romans, dont les deux premiers, Une vie et Bel-Ami, ont passé la postérité, et également parce qu’on le place souvent dans l’ombre de deux grands de son siècle : Flaubert et Zola. Mon travail se propose d’étudier la manière qu’a Maupassant dans Une vie de représenter dans une articulation réaliste et naturaliste Jeanne face à l’amour et au mariage, un sentiment et une institution qu’elle-même ne parvient pas à définir et à lier correctement ensemble. L’auteur confronte ainsi dans son roman deux représentations de l’amour et du mariage : celle d’une jeune fille que son éducation pousse à la naïveté, et celle d’une société qui n’ignore pas les vices dans lesquels elle évolue. Ce récit de la désillusion, Maupassant l’écrit en s’inspirant de ses pairs Flaubert et Zola, dans une esthétique à la fois réaliste et naturaliste, flaubertienne et zolienne, mais surtout dans une verve puissamment maupassantienne, qui retranscrit, ou plutôt qui écrit, l’histoire d’une femme du XIXe siècle, une femme qui pourrait être n’importe qui, que le monde trompe en brisant le rêve qu’il a lui-même construit