Dépression en soins primaires : quelle prévalence pour les troubles bipolaires ?

Introduction : les troubles bipolaires font partie des 10 pathologies les plus couteuses et les plus invalidantes au niveau mondial selon l’OMS et il existe actuellement un retard diagnostique d’une dizaine d’années en moyenne. Ce retard diagnostique s’accompagne d’une prise en charge inadéquate de ces troubles qui sont souvent confondus initialement avec le trouble dépressif caractérisé, ce qui aggrave le cours de la maladie. En effet les patients ont majoritairement recours aux soins lors des phases dépressives de la maladie, or ce recours se fait principalement en soins primaires. Objectif : afin de préciser l’importance du dépistage systématique des troubles bipolaires en soins primaires, ce travail a pour but de synthétiser les données de la littérature concernant la prévalence des troubles bipolaires parmi les patients consultant en soins primaires pour des symptômes dépressifs.Matériel et méthode : il s’agit d’une revue systématique qualitative de la littérature en tenant compte des recommandations PRISMA. La consultation de la base de donnée Medline et l’utilisation de l’outil Google Scholar ont permis d’identifier 838 articles, 58 ont été lus intégralement après avoir été retenus sur la base du titre et du résumé, puis 20 ont finalement été inclus dans l’analyse.Résultats : parmi les 20 articles retenus on trouve 16 études observationnelles, une étude interventionnelle, une revue systématique de la littérature qualitative et une revue systématique de la littérature avec méta-analyse. L’ensemble de ces articles permet d’estimer la prévalence des troubles bipolaires parmi les patients consultant en soins primaires pour des symptômes dépressifs à 1 patient sur 5. La revue systématique de la littérature permet également d’identifier un groupe de patients présentant une prévalence des troubles plus élevée : les patients jeunes qui présentent des troubles addictifs et des antécédents familiaux de troubles bipolaires. Elle montre également que la grande majorité de ces troubles bipolaires sont méconnus et ne bénéficient pas du traitement adéquat. Elle précise aussi la morbidité associée à ces troubles en soins primaires. Enfin elle met en évidence le rôle que peuvent jouer les auto-questionnaires dans le dépistage des troubles bipolaires en soins primaires et leur complémentarité avec les approches catégorielles du DSM et de la CIM.Conclusion : ce travail permet d’estimer que 1 patient sur 5 qui consulte en soins primaires pour des symptômes dépressifs présente un trouble bipolaire. Cette prévalence élevée justifie que les troubles bipolaires doivent être recherchés devant toute suspicion de trouble dépressif en soins primaire