Étude de la composition microbienne du lait maternel chez les nourrissons suspects d'infections néonatales bactériennes

Introduction : le lait maternel est considéré comme étant un des vecteurs des infections néonatales bactériennes tardives, notamment dans les infections récurrentes à Streptococcus agalactiae. Cependant, chez les nourrissons nés à terme, il n’existe aujourd’hui aucune recommandation concernant l’allaitement maternel et l’examen du lait en cas de suspicion d’infection du nourrisson. Matériel et méthodes : nous avons mené une étude bicentrique, transversale, comparant le microbiote du lait de nourrissons avec infection néonatale bactérienne confirmée à celui de nourrissons sans infection bactérienne confirmée. Sur une période de 11 mois, nous avons inclus 24 couples mère-enfants pris en charge dans les hôpitaux Nord et Timone-enfant à Marseille. Parmi ces 24 couples, 13 nourrissons avaient une infection bactérienne et 11 une virose non compliquée. Le microbiote du lait a été analysé par méthodes moléculaires et culture standard. 12 échantillons de lait, soit 6 par groupe, ont été analysés en culturomique.Résultats : 112 espèces bactériennes dans le lait maternel dont 50 (40%) jamais décrites auparavant dans le lait maternel ont été isolées. La bactérie incriminée dans l’infection du nourrisson n’a jamais été retrouvée dans le lait de sa mère. Des bactéries pathogènes ont été identifiées dans les laits des deux groupes. Il y avait une différence significative de microbiote entre les deux groupes. Corynebacterium kroppenstedtii, Enterobacter cloacae étaient associées à l’infection bactérienne des nourrissons alors qu’Escherichia coli, Staphylococcus lugdunensis, Bacteroides fragilis et Streptococcus infantimassiliensis étaient associés à l’absence d’infection bactérienne chez les nourrissons.Conclusion : le lait maternel peut être colonisé par des bactéries pathogènes sans impact pour le nourrisson. Une différence de microbiote a été mise en évidence dans le lait des nourrissons avec infection néonatale bactérienne. Ces résultats soulèvent l’hypothèse d’une potentielle dysbiose au sein du microbiote du lait maternel moins protectrice du nouveau-né contre les infections néonatales bactériennes ou pouvant favoriser ses infections. Une étude sur une plus large population et comparant les génomes des pathogènes des nourrissons et du lait serait pertinente