Intérêt et attentes des médecins généralistes exerçant dans les Alpes de Haute Provence et les Hautes Alpes en matière de télé-expertise cardiologique

Introduction : les Alpes de Haute Provence et des Hautes Alpes sont deux départements présentant une démographie médicale inégale, avec un accès difficile aux soins cardiologiques. La mise en place d’un service de télé-expertise cardiologique par le Centre Hospitalier Intercommunal d’Aix-en-Provence-Pertuis tente de répondre aux besoins croissants des patients et des médecins généralistes de ces deux départements. Elle semble cependant manquer de compétitivité face aux autres moyens de communication. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’intérêt et les attentes des généralistes exerçant dans ces deux départements en matière de télé-expertise cardiologique et d’expliciter les atouts et les freins à cet outil.Méthodes : nous avons réalisé une étude quantitative descriptive observationnelle sur une population de médecins généralistes libéraux inclus suite à l’envoi de questionnaires au format Google Form. L’analyse des données a été réalisée à partir des logiciels Excel et du site BioStat TGV.Résultats : nous avons obtenu 59 réponses. Sur les 59 médecins généralistes, 34% ont plus de 50 ans, 71% possèdent un appareil ECG et 70% n’ont pas reçu de stage ou formation complémentaire en cardiologie. Les appels téléphoniques et les lettres manuscrites sont largement privilégiés pour faire appels aux correspondants spécialistes. Cependant, nous remarquons que 78% des généralistes se disent intéressés par le projet de télé-expertise cardiologique, sans différence au niveau de leur formation (p=1, OR=0,695, IC95% 0,225-5,124) ni de leur âge (p=0,06, OR=4,22, IC95% 0,92-27,06) bien que 92% n’utilisent pas de logiciel de télé-expertise, 93% ne soient pas informés de l’outil proposé par le CHIAP et 75% n’en connaissent pas le cadre juridique et déontologique. Les atouts de la télé-expertise cardiologique mis en avant sont le renforcement du lien ville-hôpital et une expertise cardiologique disponible en 48 à 72h pour 80% des généralistes. 76% d’entre eux pensent qu’elle favorise l’acquisition d’appareil ECG mais sans hausse réelle du nombre d’ECG réalisés. 71% d’entre eux le voient comme un point positif pour la relation médecin-patient sans effet sur l’installation de nouveaux médecins et 73% jugent que cet outil est utile aux vues de l’offre cardiologique locale insuffisante. En ce qui concerne les freins à cet outil, 58% des généralistes craignent une fuite des données personnelles, 37% jugent la rémunération complexe à obtenir et 80% pensent qu’il y a un manque de communication globale à propos de la télé-expertise cardiologique proposée dans cette étude. Conclusion : notre étude nous permet de montrer que les généralistes de ces deux départements sont largement favorables et intéressés par le développement de la télé-expertise cardiologique en collaboration avec les centres hospitaliers, en souhaitant un renforcement du lien ville-hôpital et un soutien à l’offre de soin cardiologique insuffisante, mais que cet outil souffre d’un manque de communication global et d’un manque de compétitivité face aux autres moyens de communication. Plusieurs perspectives sont à proposer : communication auprès des CPTS, renforcement des formations DPC, simplification des demandes d’expertise