Éducations militantes, formations au militantisme

Les questions du militantisme et de l’engagement ont tout particulièrement capté l’attention des sociologues du politique et des politistes, mais peu de travaux se consacrent aux formations militantes, aux apprentissages et aux acquisitions inhérentes à l’action militante. Pourtant, pour les organisations, former au militantisme répond à des objectifs fonctionnels cruciaux comme la sélection des militants, la construction d’un cadre d’identification et de légitimation de leur action, l’acquisition de savoir pour les « équiper ». Le militantisme est souvent conçu en soi comme une forme d’école, mais ce qu’il enseigne est très peu perceptible. Au service de l’action, le collectif s’imposerait comme début et comme fin de l’apprentissage et les savoirs militants seraient essentiellement composites et contingents, car inscrits dans des contextes socio-historiques spécifiques. Ce dossier entend saisir dans leur diversité les formes d’apprentissages produits par le militantisme à partir d’une variété d’institutions, de situations et de lieux où se déploient des éducations militantes : des partis politiques, un syndicat, des dispositifs d’engagement des jeunes, des foyers d’étudiantes, les effets d’une pédagogie critique, des mobilisations étudiantes. Il reste encore beaucoup à saisir et à comprendre sur les formations aux militantismes et sur leurs finalités. Ce dossier se veut une invitation à poursuivre les travaux, à diversifier les approches et les perspectives ainsi qu’un encouragement à l’ouverture des sciences de l’éducation à cette thématique jusqu’alors peu explorée par cette discipline. The issues of activism and engagement have particularly captured the attention of sociologists of politics and political scientists, but few studies are devoted to activist training, learning and acquisitions inherent to activist action. Yet, for organisations, activist training meets crucial functional objectives such as the selection of activists, the construction of a framework for identifying and legitimising their action, and the acquisition of knowledge to “equip” them. Activism is often conceived of as a form of schooling per se, but what it teaches is hardly perceptible. In the service of action, the collective is imposed as the beginning and the end of the learning process, and militant knowledge is essentially composite and contingent, because it is inscribed in specific socio-historical contexts. The aim of this dossier is to grasp the diversity of learning forms produced by activism in a variety of institutions, situations and places where activist education takes place: political parties, a trade union, youth engagement mechanisms, student hostels, the effects of critical pedagogy, student mobilisations. There is still much to understand about militancy training and its aims. This dossier is an invitation to continue the work, to diversify the approaches and perspectives, and to encourage the educational sciences to open up to this theme, which had been previously seldom explored by the discipline