La Question politique dans les romans du XVIIe siècle

The purpose of this thesis is to study the changing modalities of the integration of the political question in 17th century narrative prose fiction. This integration is perceived as problematic by theoreticians as a result of the novel’s reputation as being merely entertaining and the prominence of the question of love. The entertainment novel’s reputation is such that politics is subordinate to the matter of love. Politics is there to provide a repertoire of characters and twists that delay the dénouement of the love story. Somewhere between roman à clef and symbolic distance, fiction is built through a series of exchanges and tensions made possible by intermingling with current events. It becomes a laboratory for political exploration, inventing possibilities and pushing assumptions to the limit, hence offering a figurative counterpart to philosophical theorization. Characters interact, tensions rise from a representation of figures that are close to power or faced with political ups and downs and are played again through expression, inviting to a poetic investigation. In novels, political expression lies on the border between fictional verve and rhetorical tradition. It manifests the tension that passions and illusions bring in the age of neo-Tacitianism. These tensions, present at the level of eloquent discourse, sententious statements as well as figures and vocabulary, favor binary forms of discourse. Therefore, the integration of the political issue in the plot and in the language allows for a syntactic, structural and lexical enrichment of the fiction.L’objet de cette thèse est d’étudier les modifications des modalités d’intégration de la question politique dans la fiction narrative en prose du XVIIe siècle. En effet, cette intégration est perçue comme problématique par les théoriciens du fait de la réputation de divertissement des romans et de la prééminence de la question amoureuse, à laquelle la politique est le plus souvent subordonnée. La question politique fournit des péripéties qui retardent d’autant le dénouement et l’union heureuse des héros, et offre un répertoire de personnages qui se modifie suivant l’actualité. La fiction se construit en effet à travers une série d’échanges et de tensions permis par les porosités avec cette actualité, entre lecture à clé et distance symbolique. Inversement, elle se fait laboratoire d’exploration politique, en inventant des possibles et en poussant jusqu’au bout des hypothèses ; elle offre de ce fait un pendant figuratif à la théorisation philosophique. Puisque les personnages interagissent, les tensions qui émergent de cette représentation de figures proches du pouvoir ou confrontées aux péripéties politiques se rejouent dans l’expression, invitant à une investigation poétique. L’expression politique dans les romans se situe à la frontière entre verve fictionnelle et tradition rhétorique et manifeste les tensions qu’apportent les passions et les illusions à l’heure du néo-tacitisme. Ces tensions, présentes à l’échelle des discours éloquents, des énoncés sentencieux mais aussi des figures et du vocabulaire, privilégient les formes d’expression binaires. L’intégration de la question politique dans l’intrigue et dans la langue permet donc un enrichissement syntaxique, structurel et lexical de la fiction