La contribution des travailleuses sociales à la santé mentale dans les groupes de médecine de famille

Les problèmes de santé mentale (PSM) affecteront une personne sur cinq au cours de leur vie. Cette prévalence importante, compliquée du fait que les PSM sont souvent imbriqués avec des problèmes de santé physique, contribue au fait que les travailleuses sociales (TS) des groupes de médecine de famille (GMF) dédient une proportion importante de leur temps d’intervention aux PSM. La présente étude s’est attardée à l’analyse de la contribution des TS à la santé mentale dans ce contexte. Pour ce faire, une analyse qualitative de données secondaires a été réalisée en faisant une analyse thématique de 30 entretiens réalisés auprès de 16 TS œuvrant en GMF. Cela a permis de faire ressortir que le contexte dans lequel travaillent les TS favorise les pratiques issues des approches cognitivo-comportementales et, de manière plus générale, des interventions axées sur le mieux-être individuel des patients, plutôt que sur les déterminants sociaux de la santé. Malgré certains défis relatifs à la définition de leur domaine de compétences, la grande majorité des TS apprécient l’autonomie professionnelle que leur confère ce contexte de pratique et sentent que leur contribution est reconnue par les autres professionnels du GMF. Si certaines ont soulevé que la collaboration interprofessionnelle en GMF pourrait bénéficier d’être plus formelle et structurée, le plus grand défi de collaboration semble résider dans les transitions entre la première et la deuxième ligne en santé mentale. Les délais de prise en charge, atteignant souvent plusieurs mois, amènent la grande majorité des TS à offrir du soutien en dehors ou à la limite de ce qui est prescrit par leur domaine de compétence définissant leur offre de service, et même parfois au-delà de leurs compétences individuelles pour certaines. Finalement, un constat émerge autour du fait qu’il existe toujours un degré substantiel de confusion concernant le point de bascule entre l’intervention psycho-sociale et la psychothérapie.Abstract : Mental health problems (MHP) will affect one in five people in their lifetime. This high prevalence, complicated by the fact that MHP are often intertwined with physical health problems, contributes to the fact that social workers (SW) in family medicine groups (FMG) dedicate a significant proportion of their intervention time to MHP. This study focused on the analysis of the contribution of SW to mental health in this context. To do this, a qualitative analysis of secondary data was carried out by making a thematic analysis of 30 interviews conducted with 16 TS working in FMG. This highlighted that the context in which SW work favours practices derived from cognitive-behavioural approaches and, more generally, interventions that focus on the individual well-being of patients, rather than the social determinants of health. Despite some challenges in defining their area of expertise, the vast majority of SW appreciate the professional autonomy that this practice context gives them and feel that their contribution is recognized by other FMG professionals. While some have suggested that interprofessional collaboration in FMG could benefit from being more formal and structured, the biggest challenge for collaboration seems to lie in the transitions between the first and second lines in mental health. The delays in care, often reaching several months, lead the vast majority of SW to offer support outside or at the limit of what is prescribed by their field of competence defining their service offer, and sometimes even beyond their individual skills for some. Finally, an observation emerges around the fact that there is still a substantial degree of confusion regarding the tipping point between psycho-social intervention and psychotherapy