Notes sur le statut de la tragédie dans la conception freudienne de l’homme

Chez Freud, l’antiquité grecque surgit non seulement en tant qu’objet d’un intérêt constant, mais aussi comme une vraie toile de fond de sa théorisation. Le complexe d’Œdipe, le fruit majeur de cette centralité de la Grèce classique chez Freud, fit l’objet de diverses critiques en ce qui concerne la manière dont il aborda et travailla la tragédie grecque. Dans cet article, nous partons d’une de ces critiques (celle de l’« innocence d’Œdipe ») pour étudier le statut de la tragédie grecque au sein de la conception freudienne de l’homme. C’est alors que la centralité de la tragédie révèle ses principaux contours, et la psychanalyse freudienne émerge comme une sorte de mise en scène et réinterprétation, profanes, des trames sophocléennes.In Freud, Greek Antiquity appears not only as an object of constant interest, but also as a real background for his theorising. The Oedipus complex, the major fruit of this centrality of classical Greece in Freud, was the object of various criticisms regarding the way he approached Greek tragedy. In this article, we start from one of these critiques (that of the “innocence of Oedipus”) in order to study the status of Greek tragedy within Freudian conception of man. It is then that the centrality of tragedy reveals its main contours, and Freudian psychoanalysis emerges as a kind of profane re-enactment and reinterpretation of Sophoclean dramas