L’historiographie aime à représenter les carrières d’écrivain en périodes, chacune introduite par un clivage qui scinde l’œuvre entre un avant et un après. Cette lecture a souvent été faite de l’évolution de Rimbaud, laquelle apparait comme l’exemple paradigmatique d’une production discontinue et achevée par une cessation d’écrire. Malgré d’abondantes recherches, les bifurcations qui traversent cette trajectoire restent opaques et continuent d’attirer l’attention des commentateurs. Est-ce là le signe que cette carrière met à l’épreuve les outils dont se sert la critique littéraire pour penser la rupture ? Telle est la question qu’envisage cet article dédié à l’analyse du cadre herméneutique par lequel les changements d’esthétique sont conçu...