Évaluation de la sarcopénie et des déterminants de la mobilité dans les myopathies inflammatoires idiopathiques, impact sur la qualité de vie et les comorbidités

Introduction : la sarcopénie est définie par une perte de masse musculaire associée à une altération de sa fonction. Si elle est bien connue chez la personne âgée, elle reste encore peu étudiée au cours des myopathies inflammatoires idiopathiques.Objectifs : évaluer dans une cohorte de patients atteints de myopathies inflammatoires la prévalence de la sarcopénie ainsi que les différents aspects pouvant être associés : composition corporelle, performances musculaires, fonction cardiorespiratoire, comorbidités et qualité de vie.Matériels et méthodes : 20 patients suivis dans le service de rhumatologie du CHU de Clermont-Ferrand pour une myopathie inflammatoire idiopathique stable ont bénéficié d’au moins un bilan annuel sur la plateforme mobilité comprenant : évaluation de la force et des performances musculaires, de la composition corporelle, épreuve d’effort, épreuve fonctionnelle respiratoire et auto-questionnaires. Une analyse statistique descriptive a ensuite été réalisée pour déterminer la prévalence de ces différents paramètres. Les patients sarcopéniques et non-sarcopéniques ont été comparés afin d’identifier les principaux facteurs associés à la sarcopénie.Résultats : 20 patients ont été inclus. Parmi eux, 11 patients ont eu une seconde évaluation à 1 an. À l’inclusion, 10 patients (50 %) ont une sarcopénie probable ou confirmée, 2 patients une obésité sarcopénique. Le test de marche de 6 min est modérément altéré (81 % de la théorique) tout comme le testing manuel MMT8 (91 % de la normale). La VO2max est diminuée de 32 %. Il n’y a pas de modification des capacités pulmonaires en dehors de la DLCO à 74 % de la théorique. Un handicap sévère (HAQ ≥ 0.5) est présent chez 58 % des patients. Une symptomatologie anxieuse ou dépressive (HAD ≥ 11) est retrouvée respectivement chez 22 % et 6 % des patients. Au cours de la seconde évaluation, le Hand grip (21.9 ± 12.5 vs 29 ± 11.8, p = 0.02) et l’indice de masse maigre (13.3kg/m² vs 17kg/m², p = 0.007) s’améliorent alors que la masse grasse diminue (21.1Kg vs 19kg, p = 0.08). Le syndrome métabolique (6/10 vs 0/10, p = 0.01) et un handicap sévère (88.9 % vs 30 %, p = 0.02) sont plus fréquents en cas de sarcopénie. La VO2max (56.8 % de la théorique vs 77.8 %, p = 0.007), la force de contraction isométrique aux quadriceps (25.5Nm/kg vs 100Nm/kg, p = 0.003), la puissance maximale (50.2 % vs 74.9 % p = 0.001) et le quotient respiratoire maximal (1.1 vs 1.3 p = 0.01) sont plus bas chez les patients sarcopéniques. Une diminution des volumes respiratoires et de la DLCO est notée chez le patient sarcopénique (p < 0.1). Le nombre de chutes est plus élevé chez les patients sarcopéniques (75 % vs 20 % p = 0.05).Conclusion : la moitié des patients atteints de myopathie inflammatoire ont une sarcopénie, 10.5 % une obésité sarcopénique. La sarcopénie est associée au syndrome métabolique, à une diminution des performances cardiorespiratoires et à une altération de la qualité de vie