La gouvernance européenne de l’éducation : analyse systémique de la Méthode Ouverte de Coordination

Depuis son avènement et plus fortement à partir des années 90, l’Union européenne est tiraillée entre une volonté croissante d’implication dans le secteur de l’éducation et le principe de subsidiarité affirmant la primauté des États membres sur ce secteur sensible. N’ayant pas les moyens d’intervention - notamment législatifs - dont disposent ses États membres sur ce secteur, l’Union européenne a fait émerger des instruments de gouvernance se distinguant des processus politiques conventionnels. Parmi ces instruments se trouve la Méthode Ouverte de Coordination européenne en éducation, appelée cadre stratégique Éducation et Formation 2020. L’objectif de cette thèse est de comprendre comment à travers la MOC, le système politique se transforme lorsqu’il s’organise non plus au niveau de l’État-nation, mais bien au niveau européen. Pour analyser cette transformation, nous nous basons sur la théorie générale des systèmes sociaux de Niklas Luhmann et sur la mise en place d’une ethnographie du politique visant à observer la MOC « en action ». Nous proposons d’analyser la MOC comme un cycle politique alternatif, ne se basant pas sur la prise de décisions législatives, mais bien sur des mécanismes d’apprentissage ou de dissémination d’informations et de bonnes pratiques à propos des systèmes éducatifs européens. À travers cet emprunt de rationalités alternatives, notamment scientifiques, la MOC redéfinit ce que l’on entend par politique au niveau européen en élargissant les moyens d’action de l’UE. Ce faisant, la MOC renforce la globalisation du politique au-delà de l’État-nation.(POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 202