Mères dépendantes : impact des traumatismes infantiles sur le devenir de leur enfant ; analyse rétrospective des données d’une consultation spécialisée en hôpital universitaire entre 2005 et 2017

La consultation spécialisée en addictologie de la maternité du CHUV (Addi-Vie) a vu officiellement le jour en janvier 2005, suite à une augmentation de la demande en soins de femmes enceintes avec une problématique de dépendance. Le but de cette consultation est de faciliter l’accès aux soins et de réduire les risques médicaux, psychologiques et sociaux de l’addiction sur la grossesse en proposant un suivi adapté et personnalisé à chacune des femmes se retrouvant dans un contexte à risque pour elles et leurs enfants. S’il existe à ce jour, de nombreuses données concernant l’aspect médical des risques pour le nouveau-né en lien avec la consommation de substances psychotropes, les issues sociales restent peu étudiées. C’est sur cet aspect que se concentre notre étude. Objectifs 1. Estimer et décrire la prévalence des traumatismes psychologiques infantiles chez les patientes toxicodépendantes et évaluer s’il s’agit d’un facteur de risque surajouté d’issue sociale défavorable pour leurs nouveau-nés. 2. Évaluer quels autres facteurs favorisent ou prétéritent l’issue sociale. Méthodologie Il s’agit d’une étude rétrospective et descriptive des patientes suivies à la consultation Addi- Vie entre 2005 et 2017 pour un problème de dépendance. Ont été inclues toutes les patientes ayant été suivies à la consultation pendant leur grossesse et ayant eu une consommation active, au moins en début de grossesse, d’opiacés et/ou de cocaïne et/ou d’alcool et/ou au bénéfice d’un traitement de substitution aux opiacés. Au total, 144 patientes suivies durant cette période remplissaient nos critères. Après création d’une base de données, nous avons établi deux groupes (patientes ayant subi un traumatisme durant l’enfance vs patientes sans mention de traumatisme) et avons comparé la proportion des différentes mesures sociales prises à la sortie de la maternité. Nous avons ensuite comparé la proportion de ces mesures en fonction d’autres potentiels facteurs de risque. Résultats L’analyse comparative des données ne révèle pas d’association statistiquement significative entre l’issue sociale des nouveau-nés et la présence de traumatismes psychologiques subis durant l’enfance maternelle. (p = 0,168). En revanche, une différence statistiquement significative a été relevée pour les facteurs suivants : grossesse surprise (p = 0,002 ), antécédent de retrait de garde (p = 0,007), situations de logements défavorables (p = 0,002), situations professionnelles défavorables (p = 0,005), présence d’une polyconsommation (p = 0,002), absence de soutient du conjoint (p = 0,001), isolement social (p = 0,001). Discussion et conclusion Notre étude confirme l’existence de nombreux facteurs pouvant favoriser ou prétériter l’issue sociale du nouveau-né. Ainsi elle relève la complexité de la prise en soins des futures mères souffrant d’une toxicodépendance et souligne l’importance d’identifier les situations à risque afin d’intervenir précocement et de garantir une meilleure issue sociale tout en ne compromettant pas la sécurité des nouveau-nés