L’égalité sexuelle et la crise de l’Universalisme français dans l’œuvre de deux voyageuses du XIXème siècle : Olympe Audouard et Hubertine Auclert

Cet article a pour but d’explorer la façon dont deux écrivaines voyageuses et féministes françaises du XIXesiècle -Olympe Audouard (1832-1890) et Hubertine Auclert (1848-1914) -tentèrent, à travers les récits de leurs voyages en Orient, de contourner le problème de la différence sexuelle vial a mission de civilisation des autres peuples. Toutes deux critiquèrent cette mission civilisatrice en la qualifiant de chauvine et de misogyne, afin de révéler comment l’universalisme républicain avait échoué à résoudre les inégalités de sexe et de race. Malgré leurs perspectives différentes sur la civilisation française et la condition des femmes non-européennes, Audouard et Auclert critiquèrent pareillement la mission de civilisation : reconnaissant le rôle central que la figure de la femme orientale opprimée avait joué dans la justification de la mission civilisatrice, Audouard tenta de révéler comment le discours orientaliste dissimulait l'assujettissement des femmes françaises et Auclert condamna l'hypocrisie du soutien du gouvernement français à la femme arabe pour justifier la mission civilisatrice. Audouard et Auclert proposèrent également des formes alternatives d’universalisme : dans son récit de la Turquie: Les Mystères du sérail et des harems turcs; lois, mœurs, usages, anecdotes(1863), Audouard proposait le cosmopolitisme comme un moyen à travers lequel tous les peuples, sans différence de race ou de sexe, pourraient contribuer à la civilisation ; tandis qu’Auclert, dans : Les Femmes Arabes en Algérie (1900), proposait l’assimilation comme moyen pour attribuer aux femmes françaises et arabes les mêmes droits que les hommes français