Nouvelles écritures artistiques au XXIe siècle: Haenel, Houdart, de Kerangal

In the context of the most recent experiments involving art-literature relations, three texts which tackle as many artistic expressions seem us representative of a trend in the current novel. Cercle by Yannick Haenel (Gallimard, 2007), Gil de Célia Houdart (POL, 2015) and Un monde à portée de main of Maylis de Kerangal (Verticales, 2018) do not describe a situation of dance, music and painting, restoring an image stereotyped, but turn out to be an animated chain of words which, depending on the case, is dynamic, sono-sensory and visual movement on the page, narration of a narration. The arts, on the one hand, and writing as an artistic organization of words, on the other hand, are arts of the gesture which open spaces of life: physical space and space of the page, joined together by the breath of life. In these novels, the choreographic, musical or pictorial creation draws from the world, freeing the gestures of their authors to reveal their know-how, echoing writer’s creative process. An analogy emerges between the work of characters occupied by dance, song and trompe-l’oeil painting, and that of writers who question the ability of writing to represent the world, focusing on the quest for truth and identity. Beyond an intrigue inspired by art, is it possible to consider the presence of art in the novel as a complement to the operation of writing according to a renewed artistic and human consciousness? Is it not from this perspective that art feeds writing today?Dans le cadre des nouvelles expériences artistico-littéraires, trois textes qui abordent autant d’expressions artistiques nous semblent représentatifs d’une tendance du roman actuel. Cercle de Yannick Haenel (Gallimard, 2007), Gil de Célia Houdart (P.O.L, 2015) et Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal (Verticales, 2018) ne décrivent pas une situation de danse, musique et peinture, restituant une image stéréotypée, mais s’avèrent une chaîne animée de mots qui se fait, selon les cas, mouvement dynamique, sono-sensoriel et visuel sur la page, narration d’une narration. Les arts, d’une part, et l’écriture comme organisation artistique de mots, d’autre part, sont des arts du geste qui ouvrent des espaces de vie : espace physique et espace de la page, réunis par le souffle de la vie. Dans ces romans, la création chorégraphique, musicale ou picturale puise dans la matière du monde, libérant les gestes de leurs auteurs pour laisser voir un savoir-faire, faisant écho au processus de la création littéraire. Une analogie se dessine entre le travail des personnages occupés par la danse, le chant et la peinture en trompe-l’œil, et celui des écrivains qui interrogent la capacité de l’écriture à représenter le monde, s’attachant à la quête de la vérité et de l’identité. Au-delà d’une intrigue inspirée de l’art, est-il possible de considérer la présence de l’art dans le roman comme complément de l’opération d’écrire en fonction d’une conscience artistique et humaine renouvelée ? Ne serait-ce dans cette perspective que l’art nourrit l’écriture de nos jours