Discours d'agronomes et savoirs profanes sur les techniques de labour (Lorraine, 1820-1840)

National audienceThis article attempts to understand the technical practices of the ploughmen. But without ploughmen's direct testimonies, historians had to use the scientific works of the agronomists. The French agronomist Mathieu de Dombasle (1777-1843) talked about his ploughman Bastien in the Agricultural Annals of Roville. It has been observed that dual representations coexisted. The theory-based agronomic discourse on farming emerged alongside the peasants' experience-based approach. In a few cases, the peasants' propositions were discussed or even resulted in modifying some agronomists' theories. What is at stake here is the connection between scientific and experience-based knowledge.Dans cet article l'enjeu est d'explorer les pratiques techniques des valets de charrue à partir de l'étude des discours savants des agronomes sur le travail du sol et sur la fabrication des charrues. Ces discours savants d'agronomes ont été élaborés dans le cadre d'une démarche expérimentale au champ où l'avis du valet de charrue est parfois sollicité. Dans ses Annales Agricoles de Roville, l'agronome lorrain Mathieu de Dombasle (1777-1843) évoque souvent, et parfois longuement, son valet de charrue Bastien avec qui il s'entretient régulièrement du fonctionnement des charrues utilisées sur l'exploitation de Roville-devant-Bayon, au sud de Nancy. Parfois, le discours agronomique s'accompagne d'une disqualification des paysans mais la diffusion des techniques ne suit jamais un modèle linéaire, trop simple, qui partirait des agronomes, détenteur du savoir, à destination des paysans qui seraient obligés de se plier aux nouveautés techniques. Les propositions profanes sont parfois discutées et même reprises par certains agronomes qui adaptent ensuite leur théorie ou modifie certaines pièces des charrues. Toutefois le témoignage directe du valet de charrue n'est pas (ou très rarement) conservé. L'enjeu méthodologique est de réinterroger les sources agronomiques qui apportent de précieuses informations sur les représentations des techniques ainsi que sur les décalages entre perception d'usage et usages réels d'outils selon les catégories sociales. Il s'agit donc d'explorer le rapport entre le savoir profane et la science des savants