L'opéra ballet à l'Académie royale de musique (1697-1723) : enjeux esthétiques et politiques

International audienceFondé sous Louis XIV, l’Académie royale de musique est destinée à célébrer le roi et à promouvoir le genre lyrique sérieux, reflet magnifié du monde aristocratique dont il possède l’étiquette et les valeurs morales. La tragédie lyrique s’édifie donc en négatif, par le rejet de tout élément comique : ne seront représentés sur le théâtre que des genres sérieux, ne seront autorisés pour sentiments que l’héroïsme ou la grandeur, pour période que l’histoire romaine ou les classiques du xviie siècle. Les éléments comiques ne sont néanmoins pas absents de la scène de l’Académie royale de musique, mais ils se retrouvent cantonnés à d’autres genres moins nobles, tels que le ballet, et encore non sans difficulté. Au début du xviiie siècle cependant, un profond et durable s’opère, lorsque la scène de l’Opéra se met à accueillir des spectacles qui ne sont plus directement liés à la personne du roi. Ce passage d’un spectacle représentationnel à un spectacle esthétique, qui dénoue le lien originel entre le lieu, le projet national et le projet artistique, ouvre un espace à l’expression, au développement et à l’épanouissement d’une forme de production lyrique se réclamant du ballet. Dans le cadre de ce colloque consacré aux métamorphoses du ballet en un genre majeur de l’art lyrique français, ma communication se propose d’analyser comment s’opère, au cours de l’Ancien Régime, ce passage d’une esthétique de l’incarnation à une esthétique de la représentation, qui modifie la programmation du répertoire de l’Académie royale de musique non seulement d’un point de vue générique, mais également programmatique