Imaginaire patrimonial, traditions orales, objectivation cultu- relle. L’inscription de l’« immatériel » dans le canto a tenore (Sardaigne)

Avec la Convention sur la sauvegarde du patrimoine immatériel (2003) les traditions orales sont entrées, nouveau objet, dans le champ patrimonial global. De façon explicite ou implicite, la logique de la sauvegarde qu’on trouve dans le documents de l’UNESCO détache les traditions contemporaines (enracinées dans des milieux sociaux “traditionnels”) des processus de modernisation globales qui les menacent de d'extérieur, symboliquement représentés par le tourisme et les média. Cette imagination dichotomisante obscure les conditions réelles de la reproduction des traditions orales en effaçant les formes multiples d'inscription et d’objectivation dont elles tirent leur forme et signification sociale, et qui sont à l’origine même de l’enjeu patrimonial. Dans l'essai j’analyse l’interdépendance entre formes d’inscription, savantes ou médiatiques, imaginaire patrimonial et pratique de la tradition contemporaine du “canto a tenore” en Sardaigne; ce n’est qu’à condition de saisir cette interdépendance qu’une conception réaliste des traditions orales et de leur statut dans le champ patrimonial est possible