Des innovations biomédicales issues de l’aéronautique et du spatial ? Contribution à une analyse des processus translationnels en cancérologie

Depuis une dizaine d'années, la question de la diversification et du transfert de technologie se pose à l'industrie aéronautique et spatial en raison notamment de la crise qu'a traversée le secteur (aux alentours de 2006) et la croissance de la concurrence (la création de nouvelles entreprises dans le domaine spatial notamment qui gagnent des parts de marché et font concurrence aux entreprises traditionnelles du secteur). Aussi, pour faire face aux transformations récentes du secteur et à la concurrence croissante plusieurs instances de soutien et de structuration du secteur aéronautique et spatial se sont lancées dans des programmes de diversification et de transfert de technologie. En quoi consistent le transfert de technologie et la diversification industrielle ? Existe-t-il des contraintes spécifiques à ce mode de développement technologique ? La littérature sur le transfert de technologie est relativement éparse. Les travaux menés dans le courant des études sur les relations Université-Industrie (UIR) portent essentiellement leur attention sur le transfert technologique de type académique. Il s'agit par là d'un processus de valorisation des résultats de la recherche scientifique, c'est-à-dire un mouvement par lequel des résultats de recherche, des connaissances et des dispositifs techniques passent de la sphère académique, universitaire à la sphère industrielle où ils seront transformés en produits, procédés ou technologies commercialisables. Une représentation du transfert de technologie exclusivement fondé sur la valorisation académique ne permet toutefois pas de saisir pleinement les mécanismes à l’œuvre dans la démarche de diversification engagée par les acteurs du secteur aéronautique et spatial. Les processus de transfert classique fondés sur un cheminement linéaire peinent notamment à saisir les possibilités d'innovation par transposition d'un domaine d'application à un autre. D'autres formes de circulation et de transfert de technologie sont visibles et permettent d'appréhender les ajustements techniques et normatifs nécessaires au passage d'un domaine technique à un autre. En proposant des technologies aéronautique ou spatiale au domaine de la santé, les acteurs ne sont-ils pas contraints de questionner, d'adapter et de retravailler les cadres de fonctionnements ? De quelle manière ces transferts de technologie conduisent-ils à la production de nouvelles connaissances ? A partir de plusieurs marchés de diversification, nous avons pu repérer quelques-uns des freins au transfert de technologie d'un secteur à l'autre : des freins cognitifs, des controverses techniques, des freins financiers, des questions liées à la propriété Intellectuelle. La réalisation de cette étude a nourri, sur les plans méthodologiques et conceptuels, l'élaboration d'un projet sur les processus translationnel. Ce projet intitulé « Analyse comparée de trois processus translationnels : les cas de laradiofréquence, des ultrasons hautement focalisés (HIFU) et de l'hyperthermie magnétique » a été soumis dans le cadre de l'AAP « Projets libres de recherche en Sciences Humaines et Sociales, Épidémiologie et Santé Publique » de l'INCa qui l'a retenu pour un financement de 198 992 euros