Genre, insertion sociale et prise en charge socio-sanitaire des usages de drogues. L’invisibilité des femmes insérées socialement dans les structures de soin et de réduction des risques

Les structures de soin et de réduction des risques sont censés soutenir tous les consommateurs de substances. Pourtant, deux populations majeures échappent à ces centres : les femmes (Vitte, 2018), et les personnes insérées socialement (Langlois, 2014). Cette communication vise à étudier la relation entre des femmes usagères de substances insérées socialement et les professionnels de la réduction des risques et des méfaits, pour comprendre les implications sociales des pratiques de soin en addictologie. Cette enquête qualitative repose sur 26 entretiens réalisés avec des femmes usagères de substances insérées socialement, et sur 8 entretiens menés avec des professionnels de soins liés aux addictions, à Bordeaux. Aucune des femmes rencontrées n'a été en contact avec un centre de soin. Les interrogées méconnaissent les structures et ne s'identifient pas au public qui les fréquente. Les professionnels rencontrés admettent que les CAARUD sont orientés vers les publics les plus précaires. Plusieurs actions ont été mises en place pour faciliter la venue des femmes et des personnes insérées socialement, mais ces pratiques ne font pas consensus parmi les intervenants. On peut se demander si les CAARUD visent à soutenir toutes les populations connaissant des troubles de l'usage de substances, ou si elles sont davantage dédiées au contrôle des populations considérées comme problématiques et amorales par les pouvoirs publics