André Chastel savant et chroniqueur dans Le Monde

C’est à partir de 1946 qu’André Chastel prêta sa plume au quotidien Le Monde, une collaboration qui ne dura pas moins d’un quart de siècle et qui constitue un ensemble de publications de quelque mille cinq cents articles. En 1980, l’auteur, encouragé par son entourage, trouva bon de réunir et de classer ces contributions, ces « papiers » qu’il considérait perdus, en leur redonnant un fil logique pour en former un recueil qu’il intitula L’Image dans le miroir. Quatre autres volumes, dont un édité en Italie, se succédèrent après sa mort, recueillant par thème quatre nouvelles sélections d’articles. Au-delà de son rôle de professeur à la Sorbonne et au Collège de France et de ses multiples engagements, l’activité de journaliste est une des facettes d’André Chastel les plus négligées et à laquelle il consacra pourtant beaucoup d’efforts et de passion. Il expliqua lui-même qu’il avait accepté de collaborer au journal par curiosité et « animé par la conviction que l’universitaire avait le devoir de communiquer » : c’est ce rôle d’éducateur et de vulgarisateur, de médiateur entre le savoir et le public, qui retient notre attention dans cette étude. Il s’agit d’illustrer le parcours du savant face à ses lecteurs auxquels il se proposait, à travers l’actualité culturelle, d’enseigner et de divulguer l’histoire de l’art, une discipline scientifique encore méconnue du public pour laquelle il lutta constamment, mais aussi la notion de patrimoine, qu’il introduisit dans Le Monde dès la fin de la guerre et qui s’imposa grâce à lui dans la presse