La Femme au fouet, puis à la plume (1906, Grande-Bretagne) : le journalisme comme récit théorisé du militantisme chez Teresa Billington-Greig (1877-1964)

International audienceTeresa Billington-Greig was an English suffragist that denounced political and physical violence targeted at women before 1914. When she was successively a member of various suffragist organisations, she decidedly “voiced” and wrote that women should always repulse men’s practical, political and metaphoric violence, even if women had to transgress social norms prescribing their behaviour to do so. In her political struggle, she never separated ordinary grassroots suffragist activism from her militant journalistic writings. When her feminist commitment made her drop her suffragist activities, she unsuccessfully tried to have a press career as a feminist writer before and after the First World War She could not make a living out of journalism that had newly opened to women but that still confined them to items called ‘feminine’. Although she meant to upset established norms in the political world as well as in journalism, she did not succeed. She could be perceived as a failure by her contemporaries; however, in a historical perspective, she certainly followed an emblematic route, rejecting women’s expected silence, all the same without making her voice heard that long.Teresa Billington-Greig est une suffragiste anglaise qui dénonce les violences politiques et physiques faites aux femmes dans l’Angleterre d’avant 1914. Lors de son engagement dans des organisations suffragistes successives, sa détermination la conduit à « dire » et écrire combien les femmes doivent repousser la violence des hommes, pratiquement, politiquement et métaphoriquement, au mépris des comportements sociaux normés que les femmes doivent adopter. Dans son combat politique, entre 1900 et 1914, elle ne sépare jamais la pratique suffragiste ordinaire sur le terrain de celle de ses écrits militants et journalistiques. Lorsque son engagement féministe exclut sa position suffragiste, elle tente de maintenir une activité de journaliste féministe, sans succès avant et après la Première Guerre mondiale. Elle ne réussit pas à investir le métier de journaliste, nouvellement ouvert aux femmes, qui ne fait pas de place aux articles féministes cantonnant encore les femmes journalistes aux rubriques dites féminines. À vouloir transgresser l’ordre établi, celui de la politique, puis celui de la profession journalistique, Teresa Billington-Greig peut être perçue par ses contemporains comme une femme en échec ; cependant, au regard de l’histoire, elle offre une trajectoire emblématique, celle du rejet du silence, sans que sa voix ne soit pour autant longuement entendue