The rivalry between the stage and the churches in France and England, XVIth-XVIIth centuries

Cette thèse rend compte de la concurrence entre le théâtre et les institutions religieuses, dans les polémiques contre la scène au XVIe et au XVIIe siècle, en France et en Angleterre. Si la porosité entre la scène et la chaire est reconnue, elle est souvent mentionnée de façon implicite dans les traités sur le théâtre. À la fois niée et revendiquée, cette rivalité révèle les enjeux économiques, sociaux et politiques des polémiques antithéâtrales. Cette étude propose de retracer l’ensemble des controverses sur la comédie sur deux siècles, pour définir les acteurs, les bornes, les mécanismes et les enjeux de la rivalité. Les multiples querelles ne cessent de reconfigurer le théâtre comme rival, en se fondant sur trois arguments (le théâtre comme lieu de contamination, de débauche et de culte diabolique) pour faire de la scène une contre-Église. Pourtant, cette stratégie d’opposition radicale révèle la parenté des rivaux. L’homologie est revendiquée à des fins provocatrices par les défenseurs de la scène, ou avec prudence par des détracteurs, pour justifier l’usage du théâtre à des fins pédagogiques et morales. Elle dissimule une triple rivalité : le théâtre emprunte à la prédication un objectif d’édification morale du public ; tous deux se partagent un même public ; la comédie symbolise l’Église ennemie, ainsi qu’une pratique qui a les faveurs des autorités politiques. La scène et la chaire s’efforcent de démontrer que leur apparente proximité relève de l’antithèse absolue ou d’une même mission assurée par des moyens divergents.This thesis considers the competition between the theater and religious institutions, in the French and English polemics against the stage in the 16th and 17th centuries. The porosity between the stage and the pulpit is well known, but often implicitly mentioned in stage controversies. This rivalry is simultaneously denied and claimed, and reveals the economic, social and political implications of the polemics. This study retraces the controversies of these two centuries in order to specify the participants, demarcations, mechanisms, and stakes of the rivalry. The numerous quarrels always reconfigure the stage as a rival, relying upon three main arguments (the stage as a place of contamination, of debauchery and of diabolical worship) to represent it as an antithesis to the Church. However, this strategy of opposition also reveals the similarities between the two rivals. This homology is claimed by the defenders of the stage in a provocative way, or more carefully by its critics, in order to justify the moral and pedagogical purposes of the academic stage. Three rivalries are revealed here: both share the same public; the stage symbolizes the heretic church, and a form of entertainment promoted by political authorities. The stage and the pulpit try to demonstrate that their apparent proximity is either a complete opposition, or reveals a similar mission accomplished by diverging means