The Emergence of Labor : visual Culture and Foyers of Observation

Les foyers d’observation du travail sont les espaces à l’intérieur desquels le travail émerge comme objet du regard. Cette thèse propose une analyse esthétique et généalogique de ces espaces où les écoliers, les professionnels et les auto-entrepreneurs du marché économique contemporain apprennent ce qu’est le travail et à vivre sous le joug de sa vérité. Elle vise à mettre au point une méthodologie d’analyse des dispositifs d’observation du travail compris comme des agencements de techniques (textuelles, photographiques, cinématiques et informatiques) et d’énoncés encadrant des pratiques institutionnalisées d’observation qui produisent des subjectivités capables de reconnaître les formes et les significations du travail. Le défi que l’on s’est imposé ici est de considérer le travail comme le résultat d’une série de configurations esthétiques, épistémologiques et ontologiques qu’il s’agira de cartographier et d’en relever quelques unes des principales souches généalogiques. On se concentrera sur trois modèles de configuration : les foyers scolaires, les foyers autoplastiques et les foyers opérationnels d’observation du travail. Ces trois modèles de dispositif de production du regard concernent, respectivement, les pratiques d’orientation professionnelle des jeunes et leur encadrement par les sciences de l’éducation et la psychologie, les pratiques d’autopromotion des agents actifs du marché du travail et leur héritage poétologique de construction d’une personnalité publique, et enfin les pratiques de formation professionnelle et de gestion des savoirs dans les entreprises, qui possèdent, comme les premières, pour ce qui concerne leurs outils de gestion, une histoire pluri-centenaire. On offre ainsi une approche macro-historique et transdisciplinaire – abordant des théories pédagogiques, psychologiques, littéraires, cinématographiques, sociologiques, cybernétiques, ergonomiques et de gestion des organisations – afin d’ébaucher une théorie de la culture visuelle contemporaine du travail. L’ambition de cette thèse est de fournir aux recherches sur le « cinéma utilitaire » une méthodologie d’analyse selon laquelle les images peuvent être considérées comme des atmosphères symboliques techniquement configurées. La notion de foyer d’observation que l’on propose ici relie la question des dispositifs de pouvoir à celle des anthropotechniques et des atmosphères culturelles. Elle devrait pouvoir montrer que les pratiques contemporaines de gouvernance des forces de production relèvent largement de puissances cinématiques de construction d’espaces de syntonie où se produisent les sujets intimement concernés par la production de richesse.Foyers of labor observation are spaces within which labor emerges as an object of the gaze. This thesis proposes an aesthetic and genealogical analysis of those spaces where schoolchildren, professionals, and self-entrepreneurs of the contemporary economic market learn to recognize labor and to live under the yoke of its truth. It aims to develop a methodology for analyzing dispositifs of labor observation, understood as arrangements of techniques (textual, photographic, cinematic and digital) and statements framing institutionalized practices of observation that produce subjectivities capable of recognizing the forms and meanings of labor. Labor will be framed as the result of a series of aesthetic, epistemological and ontological configurations that will be mapped out and their main genealogical lineages identified. Primary consideration will be given to three models of configuration: the school foyers, the autoplastic foyers, and the operational foyers of labor observation. These three models of gaze production dispositifs concern, respectively, the practices of occupational guidance of young people and their pedagogical and psychological frameworks; the practices of self-promotion of active agents in the labor market and their poetological legacy of constructing a public personality; and finally, the practices of professional training and knowledge management in corporations, whose history – as with that of the former practices – can be traced back several hundred years. This thesis thus offers a macro-historical and transdisciplinary approach that addresses pedagogical, psychological, literary, cinematic, sociological, cybernetic, ergonomic and management theories in order to outline a theory of the contemporary visual culture of labor. Its ambition is to provide an analytical methodology for research on “utilitarian cinema” according to which images can be considered as technically configured symbolic atmospheres. The notion of the foyer of observation proposed here links the question of power dispositifs to that of anthropotechnics and cultural atmospheres. In the process, it should demonstrate that the cinematic construction of spaces of attunement is a key component in contemporary practices of labor force governance that ultimately produce the subjects who are intimately concerned with the production of wealth